Premier film réalisé à quatre mains, « Rien à foutre » (quel titre!) nous propose une immersion dans la vie d’une jeune hôtesse de l’air officiant au sein d’une compagnie low-cost imaginaire appelée Wing (qui porte tous les attributs de la fameuse compagnie Ryanair, de la couleur des tenus en passant par l’habitacle des avions). Mais au-delà de cette plongée dans une profession qui a perdu son prestige avec l’avènement de ce type de compagnies à bas prix, le film nous présente le portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui, un peu paumée et meurtrie par un drame familial. Et si la première partie où l’on est davantage dans sa vie d’hôtesse est intéressante et amusante (dans le sens où l’on voit le fonctionnement d’une telle compagnie de l’intérieur, par les coulisses), la seconde qui se dirige plus vers sa vie personnelle est moins réussie et tire le film vers le bas.
Adèle Exarchopoulos prend le rôle à bras le corps. On sent que le film a été fait pour elle et monté grâce à elle. Une actrice qui a pu énervé par sa sempiternelle moue boudeuse et qui a fait des choix pas toujours heureux après le sacre de « La Vie d’Adèle » et sa Palme d’or. On pense notamment à « The Last Face » ou « Sybil ». Mais elle nous a bien plus conquis cette année; entre sa composition inattendue et drolatique dans le « Mandibules » de Quentin Dupieux et celle de femme de flic dans « BAC Nord », on l’a découverte différemment avec une jolie palette de jeu qui se confirme ici où elle porte littéralement le projet sur ses épaules. On s’identifie à elle et son jeu nuancé est tout à fait à propos. La comédienne est de tous les plans et les autres rôles ne sont que fonctionnels et destinés à lui servir la soupe. « Rien à foutre » mise tout et peut-être trop sur son personnage principal malheureusement et il dure plus que de raison pour le peu qu’il a à raconter.
En effet, si dans la première partie, on est indulgent, la seconde est bien trop longue pour pas grand-chose. Les scènes s’étirent et certaines séquences sont clairement inutiles en plus d’être ennuyantes (par exemple, les discussions avec le père sont d’une platitude rare). Trente minutes de moins n’auraient certainement pas été un mal... Et cela fait beaucoup! C’est certainement l’un des stigmates courants des premiers films où les auteurs ont du mal à couper dans le gras. Il est quasi sûr que « Rien à foutre » aurait été bien meilleur avec un montage plus resserré. Avec les scènes dans l’avion ou à l’aéroport, on retrouve pas mal de scènes que l’on a pu vivre et elles sont montrées avec réalisme. Comme une compilation de petites anecdotes entre passagers et personnel de bord. On y prend plaisir même si cela peut devenir lassant. Mais une fois que l’on retourne au sol et que Cassandre rentre chez elle en vacances, une torpeur s’installe et on se désintéresse peu à peu du récit. De plus, avec le procédé de la caméra à l’épaule ajouté à une image granuleuse, on se croirait presque dans un reportage. Aucune utilité et cela joue contre le film. Un premier essai à deux sympathique sur le fond mais qui pêche fortement sur le forme.
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