Le film est construit autour de deux thèmes principaux : le métier d'hôtesse de l'air et le deuil.
Dans une première partie, ces deux thèmes s'entremêlent pendant que nous suivons le quotidien d'hôtesse de l'air de Cassandre, interprétée par Adèle Exarchopoulos.
Il n'y pas de jugement moral sur ce métier dans le sens où Cassandre n'en a, comme le dit le titre, rien à foutre. Il n'y a donc pas d'empathie qui se construit entre le spectateur et Cassandre qui subirait un métier injuste.
Pourtant le spectateur ressent la lassitude de ce métier avec une mise en scène exigeante en terme de rythme et de plans serrés : on ne saura jamais où se situent les scènes de cette première partie, ni à quelle heure elles se déroulent. Les plans serrés et l'absence de contre-champs empêchent de comprendre qui sont les interlocuteurs de Cassandre et tout s'enchaîne très vite. On ne verra jamais ou que très brièvement le visage de ses colocataires, de ses amants et de ses supérieurs. Cette présentation de la jeunesse désœuvrée est bien moins moralisatrice et plus juste que ce qu'avait proposé J.Audiard dans Les Olympiades.
Ce côté déshumanisant fait écho au deuxième thème du film : le deuil. On comprendra rapidement que si Cassandre accepte l'absence d'humanité de son travail, c'est parce qu'elle a abandonné une partie de la sienne. C'est à travers cet axe que se construit le regard critique sur le métier d'hôtesse de l'air. Ironie du sort, un espoir va renaître en elle suite à une conversation avec le symbole de la déshumanisation du monde du travail : une conseillère téléphonique qui lui propose un nouvel abonnement.
Cette scène permet à Cassandre d'ouvrir une nouvelle page de son deuil. Le film bascule vers une deuxième partie plus intimiste. Cassandre retourne dans sa maison familiale. Cette bascule est assez déconcertante car l'autre thème du film disparaît complètement du récit. Il y a quelques bonnes idées dans le traitement du deuil. J'ai beaucoup apprécié la scène de récit par le père de l'accouchement des deux sœurs, plans serrés sur leur visage respectif, ou encore le fait que la seule fois que nous apercevrons l'être défunt, c'est imprimé sur une silhouette promotionnelle en carton. Le ton des discussions familiales est très souvent juste, même si quelques scènes sont un peu moins subtiles que d'autres comme la scène du retour sur le lieu de l'accident qui était prévisible.
De même, la scène finale apporte principalement de la confusion et brouille le propos du film.
Le principal défaut du film est selon moi qu'il a beaucoup de choses à dire et beaucoup de manières différentes de les montrer. Cela ne l'empêche pas d'être un beau film avec une interprétation formidable d'Adèle Exarchopoulos dans un rôle parfait pour elle.