“Rien à foutre” d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre a su capter l’attention avec son sujet atypique, celui de la vie d’une hôtesse de l’air dans les bas fonds d’une compagnie low-cost. Mais au-delà de cette immersion, le film manque cruellement de profondeur et échoue à pleinement convaincre.
L’une des premières faiblesses du film réside dans son traitement de l’aliénation du personnage principal, interprété par Adèle Exarchopoulos. Bien que le jeu de l’actrice apporte une certaine authenticité, le scénario s’enlise souvent dans la répétition et la surface des choses, rendant difficile l’attachement au personnage. Les séquences de sa vie routinière se succèdent sans réelle progression, et les bribes de sa vie intérieure ne sont pas suffisamment exploitées pour générer une empathie forte. En voulant à tout prix éviter le pathos, les réalisateurs finissent par nous offrir un portrait presque clinique, où la monotonie du quotidien est mise en avant, mais sans exploration plus poussée des enjeux émotionnels.
De plus, le style visuel du film, bien que soigné, semble se perdre dans une esthétique froide et distanciée. On devine l’intention de retranscrire la sensation d’isolement et de fatigue d’un emploi désenchanté, mais cela finit par desservir la narration. Certaines scènes paraissent davantage des tableaux figés que des moments vivants, ce qui atténue leur impact. La réalisation opte pour des plans longs, dans une logique contemplative, mais sans jamais atteindre la densité poétique que d’autres réalisateurs.
Enfin, le film laisse un sentiment de discours inachevé sur les inégalités et la précarité. Certes, le portrait d’une société du low-cost est bien présent, mais il semble effleuré plutôt qu’approfondi. “Rien à foutre” essaie de dresser une critique sociale en arrière-plan, mais manque de subtilité et de complexité pour vraiment faire résonner son propos.
En gros, “Rien à foutre” est une tentative intéressante mais insuffisante, qui laisse le spectateur sur sa faim.