L’aide sociale à l’enfance c’est comme l’eau, c’est vital mais il faut savoir s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. Sofiane se voit retiré de son foyer par les services de protection après s’être brûlé au deuxième degré en voulant faire des frites un soir où sa mère et son frère adolescent étaient absents. Ayant élevé seule ses deux fils, Sylvie doit alors batailler avec la justice française pour prouver ses qualités de mère et essayer de récupérer son garçon de dix ans hyperactif et caractériel. Juste et intelligent, le film de Delphine Deloget parvient à démontrer d’un seul geste l’importance cruciale des services sociaux en France ainsi que les conséquences dévastatrices du zèle aveugle et bureaucratique d’une administration débordée et obligée de s’inquiéter. Engagé dans le combat aux côtés de Virginie Efira, époustouflante comme à son habitude, et son fils aîné interprété par l’excellent Félix Lefebvre, le spectateur ressent alors la violence terrible d’un système imparfait, incapable de faire face à la réalité des foyers monoparentaux. Jamais misérabiliste sans pour autant tourner le dos aux profondes souffrances de la mère seule à qui l’on arrache son enfant, le film réussit à rendre cette histoire véritablement universelle et réaliste, en plus de pointer subtilement du doigt les écrasants standards patriarcaux de la maternité. En espérant que dans 20-30 ans il y ait encore de l’eau et des services sociaux.