Le point de départ est tout de même poussif. A la suite d’un accident de friteuse, le jeune fils de Sylvie atterrit à l’hôpital alors qu’elle était au travail. Un signalement plus tard, et hop, le voilà embarqué par l’aide sociale à l’enfance ! Même si la situation de Sylvie peut être facilement ciblée par les autorités (mère célibataire fêtarde, travail dans le monde de la nuit, entourage populaire), il faut quand même avaler que les choses se fassent aussi vite.
Néanmoins passé cela, « Rien à perdre » est un drame bien mené. L’image est sobre façon documentaire (peu étonnant vu l’expérience de la réalisatrice dans le domaine). Les acteurs sont très bons, avec en tête Virginie Efira, poignante dans le rôle de cette mère qui tombe en dépression alors qu’elle affronte un système implacable.
Je citerai aussi India Hair, qui incarne l’assistante sociale. Elle parvient à trouver le bon ton de la fonctionnaire arrogante mais simple, convaincue du bien fondé de ses actions mais inconsciente des dégâts qu’elle cause, sans tomber dans la caricature.
Le film dévoile les rouages souvent absurdes de l’administration. Justice condescendante. Ou aide à l’enfance qui pense en vase clos, et qui sous prétexte d’aider les enfants, construit des raisonnements aberrants. Cela conduit à quelques touches d’humour absurde inattendues mais bienvenues.
Jusqu’à une fin qui ne m’a pas totalement convaincu, mais qui reste dans le ton du film. A savoir livrer un portrait très pessimiste des services sociaux…