Le cinquantième film de Woody Allen, pourrait bien, hélas, être son dernier, non seulement en raison de son âge avancé mais aussi des difficultés qu'il a désormais à monter ses projets, pour les raisons que tout le monde connait. La tonalité de Rifkin's Festival, tourné pendant la compétition de cinéma qui se tient chaque année à San Sebastian, est très mélancolique mais cela n'empêche pas le réalisateur de faire preuve d'un humour à toute épreuve et de son élégance visuelle habituelle. Avec un peu de mauvais esprit, aussi, à l'égard d'un personnage de cinéaste français (formidable Louis Garrel) imbu de lui-même et d'une prétention inouïe, jusqu'à envisager de réaliser un film qui réconcilierait arabes et israéliens (sic). Woody se moque du monde du cinéma, esclave des modes éphémères, mais lui exprime aussi tout son affection à travers de nombreuses séquences de rêves qui pastichent, avec infiniment d'amour, certaines scènes de longs-métrages de Welles, Bergman, Fellini, Bunuel, Godard, Truffaut et même Lelouch. L'intrigue centrale de Rifkin's Festival n'a par ailleurs qu'un intérêt mineur, la fin d'un couple, mais c'est tout ce qui l'entoure, y compris la photogénie de la ville basque, qui prime. Le héros vieillissant, grincheux et hypocondriaque du film est évidemment un double ironique du cinéaste, amoureux de la beauté, amateur de bons mots et au cœur partagé entre New York et Paris. Wallace Shawn est plus que parfait dans le rôle principal, à la tête d'un casting qui comprend aussi Gina Gershon, Elena Anaya et Sergi Lopez. Quand on aime depuis toujours le cinéma de Woody Allen, impossible de ne pas se laisser entraîner dans cette déambulation romantique et désabusée d'une semaine de septembre, dans les rues de San Sebastian.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2021 : quelle belle année en salles (ou pas) et Au fil(m) de 2022

Créée

le 24 avr. 2021

Critique lue 1.7K fois

19 j'aime

1 commentaire

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

19
1

D'autres avis sur Rifkin's Festival

Rifkin's Festival
Sergent_Pepper
3

Inventaire grabataire

Alors que les polémiques sur la vie personnelle de Woody Allen et la pandémie ont eu raison de sa rigueur métronomique, voici que s’exhume un film terminé il y a déjà deux ans, un retour en Espagne...

le 13 juil. 2022

16 j'aime

4

Rifkin's Festival
FrankyFockers
8

Critique de Rifkin's Festival par FrankyFockers

Un vieil homme, critique de cinéma estimé qui tente d'écrire un premier roman, accompagne sa femme, attachée de presse de cinéma, au festival de San Sebastian, en Espagne. Elle s'occupe d'un cinéaste...

le 28 juin 2022

15 j'aime

3

Rifkin's Festival
PierreAmoFFsevrageSC
9

Once Upon a Time...Holly Woody. Le Top 10 d'Allen. Mort Rifkin, le Name-dropping Droopy.

"Money talks, shit walks"Renouvellement de vœux de mariage de Woody au Cinéma. Il fait ici son TOP 10 à la SC de ses films favoris.Je reconnais que j'aime beaucoup Woody, mon holly Allen...donc...

le 18 nov. 2022

6 j'aime

2

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13