Troisième opus de la fameuse trilogie de John Ford sur la cavalerie des Etats-Unis où nous retrouvons Kirby York maintenant Colonel d'un régiment à proximité de Monument Valley.
Retour au Noir et Blanc du "Massacre de Fort-Apache" après la parenthèse couleur de 'La charge héroïque".
Ici, le régiment est en lutte avec une bande d'indiens pillards qui font des raids aux USA à partir du Mexique où ils se réfugient après avoir traversé le Rio Grande qui n'est autre que le Rio Bravo pour les Mexicains. Le film commence par un retour au fort du régiment exténué après une harassante expédition.
La routine quoi, sauf que le colonel n'a pas le droit de traverser le fleuve pour aller en finir avec ces indiens pillards.
La routine aussi dans ce régiment sauf qu'on voit arriver le fils du colonel qui s'est engagé comme soldat après avoir échoué à West Point et sauf, surtout, qu'on voit arriver la femme du colonel, Kathleen, qui vit séparée depuis de longues années.
Ce western prend donc une tournure très romantique accentuée par les nombreuses ballades très émouvantes comme "I'll take you home again Kathleen" chantée le soir de l'arrivée de l'épouse du colonel ou encore la belle ballade irlandaise "Down by the Glen side".
Alors que les deux premiers opus évoquaient des romances de jeunes gens amoureux d'une jeune fille, ici la tonalité est tout autre. Il s'agit maintenant d'un couple marié depuis une quinzaine d'années et séparé en grande partie à cause des choix qui s'exercent entre la vie familiale et la vie militaire.
Mais comme toujours, ce qui emporte l'adhésion au film, c'est la remarquable interprétation.
Je ne reviens pas sur le personnage joué par John Wayne qui redécouvre son épouse jouée par une magnifique Maureen O'Hara. Je crois que c'est la première fois que les deux acteurs jouent ensemble et dans ce film, c'est splendide et bourré d'émotion. Le personnage de John Wayne se sent vaguement coupable et assez intimidé tandis que le personnage de Maureen O'Hara joue avec douceur de cette nouvelle relation apaisée comme si au fond d'elle-même, il y avait quand même l'intention d'attraper et retenir ce gros poisson qu'est John Wayne. La mise en scène de ces deux personnages est juste magnifique.
Ainsi que dans les deux premiers volets de la trilogie, une atmosphère bon-enfant et un solide second degré baignent le film.
Notamment grâce au sergent instructeur Quincannon joué par l'inénarrable Victor McLagen qui roule des mécaniques devant les jeunes recrues pas du tout impressionnées et qui ne s'en laissent pas conter :
Quand j'étais jeune, je pouvais sauter 3 mètres avec un indien sous chaque bras !
A quoi une jeune recrue rétorque : "De quelle tribu, les indiens ?"
A part la scène de l'attaque du village mexicain que j'ai trouvée un peu succincte, la réalisation de Ford est comme d'habitude extrêmement précise et réussie.
John Ford poursuit son hommage à la Cavalerie à travers "Rio Grande" en montrant que la servitude militaire, ça peut être aussi beaucoup de générosité, de respect, de chaleur et de bonne humeur.