Robin des Bois, c'est un temple, un monument depuis plus loin que Disney. La dernière grosse adaptation date de Kevin Reynolds, un film que j'adore et vénère. J'ai fait de mon mieux pour faire abstraction... Robin Hood fait-il mouche ?
Lors des promos, que j'ai suivi de loin avec une frilosité extrême, Ridley Scott disait vouloir aborder Robin des Bois en le ramenant aux origines, de le rendre plus humain et de l'ancrer dans une réalité historique. Ok... Au visionnage du film, je n'ai rien vu de tel... On se retrouve dans le contexte historique tel qu'on le connait : le Prince Jean au pouvoir, Coeur de Lion loin du trone, des taxes de partout... Rien de bien folichon ni de très nouveau sous le soleil. Et les origines pressenties de Robin ne sont pas tellement ramenées plus loin que lors des dernieres adaptations. Alors quoi de nouveau ici ? Ben pas grand chose. Dans cette interprétation de la légende, Robin n'a rien de noble et se retrouve en seigneur par un concours de circonstances passablement capilotracté. En y réfléchissant, on se rend compte qu'en fait, Robin arrive à la fin du film dans la situation où il en est par soit une malchance pas possible, soit une veine particulièrement suspecte. On ne retrouve pas vraiment d'héroïsme là dedans, simplement un homme qui essaie de rester en vie. Le scénario donc en soit laisse le même genre d'impression étrange que Troie, l'idée qu'on nous a dépossédé d'un mythe pour le rendre d'une banalité finalement peu réjouissante.
Les choix de réalisation sont toujours discutables, bien sur, de même que pour le scénario. L'idée que les roturiers, et notamment un simple tailleur de pierres, puisse se faire entendre de la noblesse parait particulièrement discutable, et pour une raison principale : l'éducation n'appartenait pas au peuple, mais à la noblesse. On se demande comment papa a pu seulement arriver à tout ce qu'on essaie de nous faire gober, alors qu'en fait, ce ne devrait être qu'un Jacquouille sans éducation... La belle théorie du film et le principe de fidélité historique énoncé par Ridley Scott tombe à l'eau en faisant de Robin et sa famille des gens de rien : ils ne pouvaient en aucun cas avoir les compétences qu'on leur prête tout au long de l'histoire.
N'oublions pas cette risible explication de la reconnaissance noble de Robin par l'adoption du seigneur local qui préfère avoir un faux fils que de reconnaitre que le sien est mort. Cette hypothèse hautement improbable à bien des égards n'incite vraiment pas à croire que le film est ancré dans une véracité historique. Apparament, pourtant, Maid Marianne est la seule du staff à sembler réaliser à quel point c'est débile...
Et puis j'ai été choquée par la dernière séquence du film qui montre le débarquement des Francais sur les côtes anglaises. J'ai trouvé particulièrement incongru cette mise en scène D-Dayesque et sans la moindre subtilité. On se serait cru avec le Soldat Ryan ou dans un épisode de Call Of Duty. Ces barges plates improbables pour l'époque semblent parfaitement anachronique, de même que la technique d'accostage évoquée. On se retrouve avec la sensation de s'être trompé de film et Ridley Scott perd encore en crédibilité.
Et on pourrait continuer comme ca tout au long du film... heureusement qu'on se retrouve avec une photographie magnifique... Quand l'histoire vous sort par les trous de nez, regardez le paysage, c'est aussi bien.
Les acteurs par contre, ne sont pas à mettre en cause. Ils servent parfaitement leurs personnages pour ce qu'on en attend d'eux. Russel Crowe, malgré sa coupe là aussi parfaitement inadaptée, arrive à faire oublier Maximus dans un rôle pourtant très proche. Cate Blanchette est magistrale en Maid Marianne rebelle et un peu tarée.
Je crois que les réalisateurs qui veulent rationaliser les mythes se fourrent le doigt dans l'oeil jusqu'au coude : les mythes ont été construits pour prôner des valeurs, donner des lecons, ou faire rêver. En aucun cas pour avoir l'air intelligent. Or en voulant rendre Robin des Bois tangible, Ridley Scott arrive seulement à le rendre insipide, tout comme Troie a fait d'Achylle un guignol bodybuildé...
Bon... vais retrouver Kevin Costner, moi...