Quand Robocop devient Robotoc !
Une fois de plus, une œuvre culte et majeure du cinéma de Paul Verhoeven vient d’être détruite et dénuée de sens par l’industrie hollywoodienne. À croire que l’originalité, la cohérence et l’audace que présentaient les gros blockbusters d’antan sont définitivement passées aux oubliettes. Après avoir massacré son Total Recall en 2012, en ajoutant le sous-titre «mémoires programmées» qui dépossédait toute la subtilité de l’œuvre originale, c’est au tour de RoboCop nouvelle génération d’en subir le sort.
Qu’on se le dise, la notion de remake ou reboot à Hollywood n’est qu’une manière d’user la notoriété d’une œuvre originale mais surtout une façon de minimiser la prise de risque des boîtes de production en termes de rentabilité. Pourtant, voir le Brésilien José Padilha aux commandes de ce projet s’avérait, dans un premier temps, alléchant. Réalisateur des excellents Tropa de elite 1 et 2, œuvres violentes et politiques au cœur de Rio de Janeiro, son nom ne pouvait qu’être bénéfique dans un projet qui se porte sur ces mêmes thématiques: l’usage de la violence, la volonté de répression et la corruption dans une société définie. Dans RoboCop, il s’agit d’une société futuriste.
Alex Murphy, incarné par Joel Kinnaman, honnête policier, se retrouve gravement mutilé suite à l’attentat qui vise sa voiture. Il se voit sauvé par la société OmniCorp, tenue par Michael Keaton (ou Julien Lepers) dans le rôle de Raymond Sellars, qui le transforme en cyborg. Mi-homme mi-machine, il se voit vite programmé pour agir de manière expéditive afin de rétablir justice et paix à Detroit, quitte à vouloir lui faire perdre toute part d’humanité.
L’intérêt premier du RoboCop de 1987 était de dépeindre de manière satirique un monde pro-sécuritaire conduit par des hommes tellement ambitieux qu’ils en deviennent inconscients et néfastes pour l’être humain (surconsommation, reaganisme, fascisme et ultraviolence au programme). Jusque-là, les années 80 regorgent d’œuvres plus ou moins bonnes sur ces sujets. Surtout, il apportait une trame d’une redoutable efficacité avec une violence symbolique relativement osée.
Ici, le remake offre d’entrée un spectacle apathique où l’on comprend rapidement qu’aucune retranscription avec notre monde actuel n’a été entreprise. Les personnages n’ont aucun relief et aucune évolution, l’histoire est démunie de saveur et la symbolique a totalement disparu. Par-dessus tout, l’action lisible pure et dure qui faisait la force de l’original s’est vue remplacée par une logique proche du jeu vidéo dans un conformisme rarement vu au cinéma… Quoi que! Et pourtant, en 1 h 45, ces scènes s’avèrent rares. La sauce ne prend jamais. Seule la présence du visage angélique de la belle blonde Abbie Cornish permet, à la rigueur, de ne pas sombrer dans l’ennui.
Aseptisé, conformiste et totalement demeuré, ce retour de RoboCop ne prend même pas la forme d’une coquille vide. Passez votre chemin!