Robocrotte, le futur ça pue.
- Robocop - est un remake qui s'attache sur le fond à respecter les grandes lignes du film éponyme de Verhoeven réalisé en 88.
Sur la forme, la réalisation se laisse apprécier sans rien amener de spécial ou de réellement novateur pour autant. La trame classique du blockbuster policier est appliquée à la lettre.
L'intrigue débute avec une histoire de flics. Le coéquipier est blessé, l'autre pleurniche car il se sent coupable, le seul truc qui dénote des habitudes c'est que ce même autre flic finit la tête dans une boite de conserve.
S'en suivent des courses poursuites, des gunfights, des "faut lui faire la peau à ce connard !", des "hmmm, t'es bonne !!!"... le tout sur 15km de travelling histoire de montrer que c'est vraiment de la super action, où en plongée manière d'indiquer au producteur où est passé son pognon.
L'enveloppe étant donc assez générique, il est bien plus intéressant de s'attarder sur le fond, quitte à forcer le passage et pousser un peu la merde.
Le fond, c'est la projection d'un futur proche dans lequel les robots remplacent les hommes au combat pour éviter les pertes humaines.
Doit-on s'en réjouir ou redouter ce virage considérable qui place la machine au coeur des intérêts des états ? Telle est la question centrale du film.
Si - Terminator - ou - Matrix - traitent de l'affrontement de l'homme contre la machine, - Robocop - aborde la problématique sous un angle différent, celui de l'opposition des hommes par le biais du robot.
Les mêmes progrès de la science et de la médecine militaire qui permettent aux mutilés de retrouver leur autonomie
conduisent à une société mécanisée, automatisée et industrialisée à l'extrême, inflexible, intransigeante, supprimant la diversité, les émotions et le libre arbitre pour ne miser que sur la perfection de tout et de tous ; une société qui bien malgré tout reste extrêmement violente dans un futur finalement ultra pessimiste.
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"qui a t-il de plus important que la sécurité du peuple américain ?"
Dans le même temps, le film est une critique acerbe de l'impérialisme américain qui tend à se déployer aux quatre coins du globe, profitant d'un énorme potentiel industriel.
Le scénario fait mention des intrusions sur les sols étrangers, des guerres et des drames qui en découlent, parle de corruption aux plus hauts sommets de la machine politique. Un bon point de ce côté là.
- Robocop - reste très loin du film de la décennie, mais il a tout de même l'intelligence d'une certaine (reprise d') anticipation, d'une certaine réalité du monde, le tout monté d'un casting intéressant.
Samuel L. Jackson, d'abord, en présentateur d'émission télé propagandiste, Michael Keaton dans le costume du PDG lifté de la firme de robotique, et Gary Oldman qui enfile la blouse blanche du docteur, montrant par la même à ceux qui ne le savaient pas encore qu'il peut décidément tout faire.
Plutôt pas mal...