Pas encore né à la sortie de "Rocky", la ribambelle de suites de cette saga m'aura ensuite amené à honteusement snober la totalité des films mettant en scène l'étalon italien.
Je découvre donc ce film-culte quarante ans plus tard, et la première chose qui frappe dans cette histoire de boxeur issu des bas-fonds, c'est le peu de temps consacré aux combats durant ce long-métrage signé John G. Avildsen : 3 minutes chrono lors de la séquence d'ouverture, puis plus rien avant le gros quart d'heure consacré au face-à-face final contre le champion sortant Apollo Creed.
Personnellement, ce parti-pris m'aura surpris mais absolument pas dérangé, d'autant que le scénario de "Rocky" (signé Stallone himself) consacre du coup la majorité de son temps à esquisser le portrait d'un pauvre type, un laissé pour compte du rêve américain, et que Sylvester Stallone se révèle étonnamment à l'aise et touchant dans ce personnage un peu pathétique.
Il faut le voir déambuler dans les rues minables de Philadelphie, avec son chapeau et sa dégaine improbable, professant ses conseils avisés à qui veut l'entendre, et inventant des jeux de mots douteux à l'attention de la petite vendeuse maladivement timide du pet shop devant lequel il passe chaque jour, et qui s'avère en outre la sœur de son grand pote Paulie, autre habitué de la galère.
La légende de la fameuse "Adrienne" est en marche... Et la carrière de Talia Shire ne se démarquera d'ailleurs jamais vraiment de ce rôle fétiche.
Il faut souligner le thème musical formidable signé Bill Conti, qui n'imaginait évidemment pas se retrouver un jour associé à l'émission "Les grosses têtes" : sacrée consécration pour le compositeur américain...
De manière générale j'ai trouvé la mise en scène d'Avildsen (qui cédera la place à Sly lors des suites) plutôt solide, accusant certes le poids des ans mais sans rien de honteux, hormis la garde étonnamment défaillante de Rocky lors du combat final (et je ne suis pas un spécialiste de la boxe...).
J'attribue au final un 7/10 généreux, autant pour célébrer le mythe de ce personnage semi-autobiographique, qui marqua au fer rouge la carrière balbutiante de Stallone (d'ailleurs le "véritable" Balboa a bien existé, il s'appelait Chuck Wepner et a fait l'objet d'un documentaire), que pour valoriser les choix narratifs audacieux de ce film de boxe qui ose prendre le spectateur à contre-pied, jusque dans l'issue du match et son vainqueur presque inattendu.