Premier spin-off cinématographique de Star Wars, Rogue One est un film qui promettait monts et merveilles lors de la diffusion de ses multiples trailers, dont un esprit à la 12 salopards. Jugez donc : un commando rebelle qui veut voler les plans de l'Etoile Noire à la barbe de l'Empire, et de Dark Vador, ça donne envie. D'autant qu'à la technique, il y a cet excellent formaliste qu'est Gareth Edwards, et Alexandre Desplat à la bande originale.
Mais ça, c'était avant.
A quelques mois de la sortie, on apprend que le film va être partiellement retourné, avec cette fois Michael Giacchino à la musique, et la participation de Tony Gilroy à l'écriture pour étoffer les scènes d'action.
Et c'est là précisément que le bat blesse, car aussi fort soit le film, que j'ai malgré tout bien aimé, on voit bien qu'il est tel une créature de Frankenstein, en d'autres termes, un film malade.
Le film se base avant tout sur Jyn Erso, une jeune femme très rebelle dont le père a été le créateur (de force) de l'Etoile noire. Elle va être aussi enrôlée, de force, du côté de la rébellion, afin de voler les plans de cet astre de mort, et va être avec tout un groupe hétéroclite, dont un droïde géant à la C3-PO.
Autant dire que, Gareth Edwards oblige, la forme emporte souvent le morceau, avec des scènes de batailles époustouflantes, dont de purs fantasmes de fan qui se réalisent ; je ne veux pas trop en dire, mais ça reste vraiment beau, avec un travail étonnant sur la lumière, et la sensation qu'on traverse divers climats, ce qui n'arrive pas toujours dans un Star Wars.
Les reshoots ont fait que Michael Giacchino a composé très rapidement (j'ai lu : écrite et composée en un mois !) sa musique, et si elle ne rivalise pas avec ce que fait John Williams, elle reste dans ce ton orchestral, mais il n'y a vraiment rien qui reste dans les oreilles.
Enfin, tout comme l'Episode VII, Rogue One est un film qui convoque le passé, aussi bien dans la présence de personnages bien connus que dans sa temporalité, qui se termine au moment où démarre l'Episode IV, avec un mimétisme troublant dans la mise en scène, et une réelle émotion qui s'en dégage à ce moment-là, avec l'arrivée de ...
Si je parle d'émotion à ce moment-là, c'est que le film en manque cruellement à mes yeux ; parmi ce commando Rogue One, pas une seule fois je n'ai réussi à m'attacher à l'un d'entre eux, l'empathie n'y est pas, et pourtant, on se doute bien de leur destinée, de par l'aspect guérilla de l'histoire.
Mais non ; aussi bien Felicity Jones que Diego Luna, Wen Jiang ou Donnie Yen, on n'arrive pas à s'attacher à eux. D'ailleurs, si Felicity Jones est incontestablement très belle, elle donne l'impression de ne pas savoir ce qu'elle dit (j'ai vu le film en version originale), avec un aspect atonal qui la rend parfois antipathique.
Bizarrement, le personnage le plus attachant reste K-2SO, le droide bipède (une sorte de très grand C3-PO) auquel Alan Tudyk lui donne une personnalité très ironique, méfiante envers Jyn Erso, mais qui a lui le sens de l'équipe, et dont sa scène a quelque chose de touchant.
Mais surtout, là où je suis très déçu, c'est dans la construction du film qui est clairement en deux parties, et où la première moitié est ce qu'on peut appeler très chiante où ça bavasse sans arrêt, jusqu'à l'action proprement dite, sur deux tableaux. Ma théorie est que les reshoots (clairements visibles en voyant les trailers, qui contiennent de très nombreux plans absents du film) ont surtout servis à donner du corps à la deuxième moitié. Quelque part, j'ai vu là l'aspect elliptique de Gareth Edwards sur Godzilla, sauf que Star Wars répond à des codes narratifs, qu'il évite mal.
Cela dit, malgré les griefs que je peux lui reprocher, Rogue One reste tout de même d'un grand plaisir, ayant fait régulièrement battre le cœur du fan de Star Wars que je suis, mais au point d'une certaine déconstruction.