Wouahou... Bon, background... fan de Star Wars depuis 1992, je me suis menti pendant une décennie au sujet des prequels sorties entre 1999 et 2003, mais j'ai finalement fait face à la réalité des dialogues atroces de l'Attaque des Clones et de la conclusion en pétard mouillé de la Revanche des Siths. Comme une andouille, j'ai tout avalé pendant la promo du Réveil de la Force et alors que tous mes potes sortaient du cinéma en s'extasiant comme JJ est plus fort que George, j'acceptais finalement le fait que Star Wars était maintenant la propriété de Disney, et que je n'avais qu'à laisser ces nouveaux Star Wars aux hordes de fans de Marvel. Après tout, l'existence de tous ces produits dérivés ne change rien à l'existence de Star Wars IV, V et VI.
C'est alors qu'arrive Gareth Edwards et son Rogue One. Après m’être appuyé tant de faux espoirs, et de la part d'un directeur que je n'estime pas particulièrement. Son Monsters ne m'a guère impressionné, quant à son Gozilla... Meh!
Est-ce donc mes attentes essentiellement très réduites qui colorent ma perception de ce prélude à la Guerre des Etoiles? Je doute, je retourne la pensée dans tous les sens, mais je ne crois pas. J'ai pour tout dire l'impression que c'était tout simplement une tuerie.
Rogue One est loin d’être un film parfait, on ne manquera pas de nous le rappeler dans les mois qui viennent. Son début est vaguement confus, certaines répliques sont bien mièvres, quelques détails de l'histoire semblent forcés, et la musique n'est pas à la hauteur (il semble que Michael Giacchino, surtout connu pour ses compositions pour Pixar, est ici à l'oeuvre plutôt que John Williams). La question n'est pas tant s'il s'agit d'un film parfait, mais d'un Star Wars parfait.
Et je dois dire qu'une fois les personnages plantés et l'histoire lancée, j'étais à fond dedans. L'effet exactement inverse du Réveil de la Force, que je voulais vraiment aimer, mais qui arrivé à mi-chemin, faisait tout le possible pour me sortir du film, de l'univers. Ici, on nous présente Jyn, une jeune femme désabusée qui ne croit guère à quoi que ce soit, et Cassian, un rebelle plutôt antipathique dans son adhésion à la cause. Il s'agit donc d'une rupture nette avec la tradition, et aussi, sans doute, d'un risque. Difficile de nous faire aimer des personnages aussi ambigus. Certainement, leur aventure en fait des héros au même sens que Luke Skywalker à la fin de l'épisode IV, et on pourra toujours reprocher au script de faire cette transition un peu vite, mais j'ai beau y repenser, je trouve ces personnages infiniment plus intéressants qu'aucun des protagonistes d'aucun Star Wars, exceptions faites de Han Solo, Lando, et Darth Vader (pas celui des préquelles).
En fin de compte, j'avais les mains moites pendant le dernier acte épique au-delà de mes espérances. Encore une fois, Rogue One n'obtiendra aucune nomination pour son scénario. Cette histoire de librairie de données ne fait pas plus de sens qu'Obi-wan qui désactive le rayon tracteur de l'Etoile de la Mort dans IV, et ce 'master switch' qui contrôle une antenne de transmission n'en fait guère plus que les Ewoks contre les Stormtroopers dans VI. Mais, précisément, comment reprocher cela à Rogue One sans par là-même admettre qu'il se place plus ou moins au niveau de la première trilogie? Mais! SACRILEGE! C'est IMPOSSIBLE! Qu'on le pende! Hérétique! La quadrature du cercle, que George lui-même a prouvée impossible en 2003! Bon, surement, L'Empire Contre-Attaque reste le meilleur Star Wars. Surement, je me suis trompé. Comme pour la Menace Fantôme, je devrais attendre une décennie et revoir mon verdict. En attendant, devrais-je mettre neuf ou dix? Soyons fous, commençons par dix...
C'était dix jours bizarres. Jeudi dernier, j'étais invité à la première de Rogue One à Londres par une ex-collègue, maintenant à ILM. Pour diverses raisons pas vraiment terminales, j'ai dit non. Avant Rogue One, j'y repensais. Dix ans plus tôt, si on me disait que j'allais être invité à une première Star Wars et dire non, je n'y aurais vraiment pas cru. Et pourtant nous y voilà. J'ai dit non. Comme un con. Je suis allé assister à une messe de la religion de mon adolescence en deuxième semaine comme un beauf. Bordel, Gareth... Et maintenant, l'épisode VIII? Ô, dieux de la Force, Saint Cushing, Saint McQuarrie, pourquoi êtes vous si cruels?!