Rome, ville ouverte est l'un des premiers piliers du néoréalisme italien, mais loin d'être le meilleur. Film à l'importance historique majeure (faire un film sur l'occupation nazie dès 1945, c'est puissant), il est devenu un monument historique lui-même, à la fois pour sa place dans l'histoire du cinéma et pour son sujet. Il sera d'ailleurs le film italien qui recevra l'un des Grands prix distribués par la 1e édition du Festival de Cannes en 1946. Mais voilà, le scénario est trop attendu. La résistance romaine à l'occupation est présentée par trois figures principales et caricaturales : une civile lambda, un militant communiste, un prêtre monarchiste. Tous au destin tragique, décrit de la manière la plus neutre possible, sans aucune emphase. Le tout face à un nazi vraiment pas très sympa - et pour le coup probablement assez proche de la réalité. On peut en outre avoir une lecture presque biblique du film, puisque la boîte de Pandore est une nouvelle fois ouverte par une femme (l'amante trahie du communiste), toujours un peu gênant à voir. Précurseur, le film signe la renaissance du cinéma italien et de la démocratie en Italie en soulignant l'union des forces politiques toutes diverses mais antifascistes. Et faire un excellent film de propagande, quand bien même avec un message plus que légitime, c'est tout sauf évident.