Ça roule comme sur des pneus

La séquence d'intro. Rien que ça, la séquence d'intro. Une bagnole qui slalome des plots en plein désert, un mec sort de son coffre et dédie le film aux "Aucune Raison", avant de repartir dans son coffre. J'ai rarement vu une séquence aussi audacieuse et aussi claire. C'est un cours de scénario à elle-seule quant à la manière de débuter un film.
Quentin Dupieux commence à être de plus en plus connu, et c'est super cool. Ce mec est bougrement doué, il est pourvu d'une imagination à faire hérisser les sourcils des Monthy Python. Par sa créativité, c'est lui la star du film, même si tu ne le vois pas à l'écran. Qu'importe le charisme de l'acteur, même avec les pointures Poelvoorde et Chabat : c'est son histoire et sa mise en scène qui vont marquer les spectateurs, c'est son style qui conduit. De ce fait, puisqu'ici il n'y a que des acteurs méconnus et le héros est un pneu télépathe meurtrier, serait-ce un double du réal inconscient ? Serait-ce un film plus personnel qu'on ne le pense ? J'en sais rien, je suis pas son pote. Mais ça ne m'étonnerait pas.
Dans un premier temps, le film est muet, on voit ce pneu vadrouiller et tester ses pouvoirs. Il tombe également sur une nana, ma foi, très bonne n'est-ce pas, ainsi qu'à un génocide de pneus dans un feu évidemment inexpliqué, dans ce décor typiquement Ricain et totalement justifié pour le cadre du long-métrage. Toute cette partie est jubilatoire. Une ambiance indescriptible se met en place : absurde, ambiguïté, road-movie et même un peu de western se mélangent sans dire un mot. Et c'est beau. Mais je me doutais bien que les humains allaient débarquer (ce qui signifie, dans le langage Dupieux, qu'ils vont nous rappeler qu'on est dans un film, au cas où on l'aurait oublié on sait jamais). Les gens sont représentés en deux catégories : les spectateurs qui regarde ce pneu de loin avec des jumelles et des policiers "acteurs". J'ai adoré les commentaires des spectateurs, ainsi que leurs "aventures". Par contre, tout ce qui concerne les flics... Je l'ai senti moins inspiré, pour le coup, le Dupieux. Dialogues lourdaudes, acting un peu mou, en bref j'ai pas accroché. Mais ça n'handicape pas tellement le film, puisque le pneu et les spectateurs sont davantage présents ! La fin est tip top aussi.
En bref, c'est un film qui n'a aucune raison d'exister, mais qui n'a également aucune raison de ne pas être visionné !
En voiture Simone