Un film de Ron Howard (Apollo XIII, Da Vinci Code), avec Chris Hemsworth, Daniel Bruhl, Olivia Wilde...
Waiiii un film sur la F1! Et merde je viens de perdre les deux-tiers de l'audience :-( Mais non! Revenez! Okay c'est pas un film sur la F1. C'est un film sur deux personnalités remarquables, James Hunt et Niki Lauda, dont la confrontation culmine en 1976, pour le championnat du monde... De F1... Bon vous êtes toujours la?
Une histoire vraie, donc, qui met en avant le monde très différent de l’époque, ou la course est une affaire de garagistes un peu fous, et les pilotes apprécient un petit verre et une cigarette avant de prendre le volant de leurs cercueils roulants. Mais un monde qui change, avec l’arrivée de sponsors, et l'augmentation des budgets qui pousse les gentlemen drivers et propriétaires individuels vers la sortie.
James Hunt (Hemsworth, que vous avez vu jouer Thor) appartient à cette génération, et entre en F1 avec Lord Heskett, qui n'a rien de mieux à faire que dilapider sa fortune dans une écurie de F1 'pour le fun'. Ce qui ne les empêche pas d'obtenir quelques succès.
A l'opposé, Lauda (Bruhl, dont vous vous souvenez peut-être en star de ciné Nazi dans Inglorious Basterds), l'autrichien déterminé, méthodique et calculateur, démontre son talent aux affaires, à la mise au point, puis au volant, avec BRM et ensuite Ferrari.
Hunt est beau gosse, bagarreur, grande gueule; Lauda est toujours professionnel et se refuse aux distractions. Mais les deux sont engagés l'un contre l'autre sur la piste, ou seul le talent peut les départager. Les deux personnages sont superbement construits et solidement interprétés. Bruhl est remarquable dans son rôle. On pourrait presque croire que l'on regarde des films d'origine du vrai Lauda. Les scènes sur la piste sont brèves et beaucoup de temps est consacré aux interactions des rôles principaux hors des circuits, avec le reste du Circus ou en dehors. L'ascension de nos héros achevée, le duel en 76 est brutal et tragique.
Rush n'est pas parfait. Howard se permet un brin de sensationnalisme ici et là. Il y a beaucoup de background à caser en peu de temps, ce qu'il fait efficacement: le film marche bien même pour ceux qui n'ont guère d’intérêt pour la F1 ou la course automobile. C'est au prix de quelques clichés tout de même. La Scuderia Ferrari semble tout droit sortie du Parrain. L'histoire met un peu de temps a trouver son rythme, mais la deuxième moitié, le duel à mort des protagoniste, rattrape aisément ces balbutiements.
Plutarque sait qu'on a eu des navets de films sur le sujet. On se souviendra (ou pas) de 'Driven', avec Stallone, qui n'avait d'ailleurs pas pu utiliser de véritables F1 pour de sordides raisons de business, ou encore de la scène lamentable à Monaco dans Iron Man 2.
C'est donc non sans quelque surprise que j'ai apprécié Rush, qui rend justice à une saison épique de la Formule 1, en mettant en avant non seulement les aspects sportifs et showbiz, mais aussi techniques, stratégiques, dans une présentation claire et attrayante.
Rush rejoint ainsi le film-docu Senna ( http://www.senscritique.com/film/Senna/425641# ) au nouveau club (toujours très restreint) des films remarquables qui prennent la F1 comme background.