Il est en général dans la filmographie d’un réalisateur un film que l’on qualifie de film somme, qui regroupe en une œuvre l’ensemble des thématiques et des caractéristiques artistiques et techniques qui décrivent l’ensemble de ses travaux, ce film arrive normalement - s’il doit arriver, certains cinéastes ne le produisent jamais - en fin de carrière ou à un tournant significatif de celle ci. Wes ANDERSON choisit lui de nous le faire dès son deuxième opus, notifiant ainsi sa volonté de tracer sa propre route en suivant d’abord son instinct et sa vision du cinéma et exposer sitôt son coup d’essai précédent quels seront les traits de son art.
Max Fischer est un jeune garçon qui déborde d’imagination, élève du prestigieux lycée Rushmore où il s’épanouit en multipliant les activités extra scolaires et en créant des pièces de théâtre, sa versatilité et une très grande finesse d’esprit nuisent cependant à sa scolarité. Lorsqu’il tombe amoureux d’une institutrice, ses plans élaborés avec l’aide d’un mentor aussi blasé que riche, lui vaudront le renvoi de cette institution, il devra alors en finir avec l’imaginaire et le monde qu’il s’est créé pour devenir et être.
Le premier aspect qui saute aux yeux et qui rejoint l’idée première de film somme qui ouvre cette critique, réside dans le côté théâtral du film, qu’il s’agisse d’un des thèmes centraux du récit ou la symbolique des rideaux qui marquent chaque chapitre du film. Le théâtre et sa mise en scène, tout comme son décorum qui s’affranchit des contraintes du paraître réel bien plus facilement que ne le fait habituellement le cinéma, restera une inspiration évidente dans la future filmographie et la mise en scène de Wes Anderson.
Toujours pour argumenter sur cette idée de film somme, nous est évoqué de façon évidente ou en filigrane ce que nous trouverons à l’avenir dans sa filmographie, la mélancolie nichée dans les codes de la comédie, les souvenirs enjolivés pour ne pas affronter le réel de son existence, les relations dysfonctionnelles au sein des familles, les amours contrariées par la raison des adultes ou bien encore la quête aquatique et à travers elle celle d’une rédemption et même des clins d’œil prémonitoires à un certain hôtel ou un certain train qui seront bientôt les décors où seront traités l’un des thèmes majeurs du cinéma de ce réalisateur, celui de la filiation et de la transmission.
Wes Anderson en deux films, parvient à suffisemment m'intriguer et m'intéresser comme réalisateur.