Détesté par les fans des années 80 dès l’annonce de son casting féminin, haï dès l’instant où les premières vidéos furent postées sur internet... le remake de Ghostbusters a fait couler beaucoup d’encre, suscitant systématiquement ce que l’on appelle couramment aujourd’hui le "bad buzz", au point de susciter une gêne sans précédent pour le studio Sony qui pensait pouvoir créer l’événement lors de cet été 2016. Car comme redouté, Ghostbusters version 2016, signé Paul Feig, est bien un recyclage malvenu qu’on se serait bien passé de voir, porté par un fan-service outrageant. Même si le film essaie désespérément en deux heures d’avoir son propre ton, en tentant de se désolidariser parfois du film original, au-delà de son casting totalement féminin, il reste un bis-repetita du film original sorti il y a 32 ans au cinéma. Un remake qui surfe sur la nostalgie des années 80 et tout un culte de l’enfance de beaucoup, trentenaires aujourd’hui...
Pourtant l’intention de Paul Feig est honorable. Le réalisateur a tenté de faire de ce Ghostbusters un film féministe et féminin. Il ose réduire le personnage masculin au rang d’objet stupide, en la personne de Chris Hemsworth. L'acteur est loin de ce qu’on lui connaît et excelle dans la comédie alors que jusqu’ici il était cantonné aux rôles de super-héros ou dramatiques. On apprécie la gaucherie de son personnage et toute la dérision autour de sa stupidité. Ce n'est pas le seul point positif du long métrage, bien qu'il en possède très peu. L'apparition des fantômes fait son petit effet grâce à une esthétique travaillée et des CGI de qualité. Même si la scène finale est une bouillie visuelle, elle reste très lisible grâce à une 3D utilisée intelligemment : lorsque ces Ghostbusters cassent du fantôme, la 3D prend un rôle des plus importants amenant les différentes bastons fantomatiques au statut d'attraction là où la plupart des films projetés en 3D ( Si ce n'est tous ! ) se contentent d'un simple effet de profondeur. Une grande première...
Malheureusement, malgré une mise à jour en effets spéciaux, ce Ghostbusters n’apporte rien de nouveau. Les mauvaises décisions en série donne souvent raison au film d’Ivan Reitman, réalisateur des deux films des années 80 et producteur de celui-ci. Visuellement ce remake n’a pas la beauté urbaine de la pellicule originale, qui était un parfait film de Noël, pour toute la famille, avec des effets spéciaux astraux lumineux. L’esprit new-yorkais est ici revu à la baisse, pour favoriser surtout les sketches des comiques farfelues, dont l’outrance, drôle en soi, paraît déplacée dans le contexte général d’un film qui aurait dû en premier lieu manifester avant tout un bel hommage à son illustre modèle. On l'aura donc compris, le plus redoutable de tous les spectres de ce remake reste la nostalgie. Notre mémoire de spectateurs joue en faveur du film original : plus ironique, plus vif, plus maîtrisé... plus tout !!!