Le premier film de Pascal Laugier reçut un accueil mitigé de la presse lors de sa sortie, et insatisfait du public. Mitigé car on lui reproche surtout ses effets de style, au détriment d’une histoire jugée superficielle. Insatisfait car on est loin du film d’horreur supposé produire son lot de frayeurs et autres jumpscare.
Mais ce qui devrait intéresser ici, c’est évidemment la généalogie fantastique du cinéaste, déjà en pleine possession de ses moyens, qui se réfère aussi bien au Suspiria de Dario Argento qu’à L’aldilà de Lucio Fulci (on y retrouve d’ailleurs l’actrice Catriona MacColl). Se faisant, Pascal Laugier se situe également dans le sillage de la nouvelle vague fantastique espagnol (Aménabar, Balaguero, Plaza) qui tente, à travers les yeux de son héroïne, de nous faire ressentir un milieu hostile, pour le moins chargé. Les signes extérieurs plus ou moins manifestes d’une tragédie ancienne (crimes de guerre, viols, avortements) ne manquent pas. Toute la grammaire cinématographique (lumière, cadre, mouvements de caméra) participe de cette appréhension de l’espace vécu, et propose une belle expérience sensorielle, à laquelle, pour ma part, je suis très sensible.
Enfin, Saint Ange fut l’objet de nombreuses interprétations, rationnelles ou surnaturelles, voire psychanalytiques, qui ont finalement moins d’intérêt que la gestation à l’œuvre... celle d’un cinéma de genre ambitieux et en plein devenir.
Car, faut-il le rappeler, Pascal Laugier, c’est aussi Martyrs, The Secret, et surtout, Ghostland !