'Bad Times at El Royale' est un chef d'oeuvre pop.
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Tout comme pour son précédent film 'The Cabin in the Woods', Drew Goddard n'a rien inventé. En revanche, le jeune réalisateur propose un condensé de cinéma à l'arrangement virtuose. La structure narrative est identique à 'The Hateful Eight' de Quentin Tarantino, mais des flashbacks courts et efficaces enrichissent l'histoire en faisant intervenir bien d'autres thématiques (un braquage, une carrière artistique compliquée, la guerre du Viet-Nam, etc). Thriller moderne rythmé et tenant en haleine, le récit multiplie pourtant les inspirations. L’œuvre s'essaye aux expérimentations narratives à la manière de Christopher Nolan (la même séquence vue sous différents point de vue), emprunte aux codes des films d'horreur et lorgne vers le film musical (avec sa bande-originale éclectique, entre musiques à suspense, jukebox des années 60 et performances vocales anachroniques du personnage de Darleene). Par ailleurs, certaines prises de vue comme la symétrie des plans de la frontière, le timelapse en introduction ou encore le plan séquence en travelling peuvent rappeler les travaux de Wes Anderson. Enfin, le lieu de l'action lui-même illustre ce patchwork génial : le film est un huis-clos, pourtant à cheval sur deux états américains.
Le casting sensationnel profite d'une direction d'acteurs véritablement intelligente, faisant de chaque rôle un personnage passionnant. En particulier, Jeff Bridges livre une performance exceptionnelle et touchante, Chris Hemsworth joue diaboliquement de son image, Jon Hamm est parfaitement charismatique, Cynthia Erivo est une actrice et chanteuse très talentueuse, mais l'ensemble des seconds rôles sont traités avec la même qualité d'écriture et d'interprétation.
Une claque aussi puissante que le jump scare dans le bar.