Eh bien moi j'ai gravement marché!
Pour son deuxième long-métrage (après l'encourageant "The Cabin in the Woods"), Drew Goddard signe un thriller aux accents tarantiniens - la référence est facile mais évidente, tant les correspondances sont nombreuses avec la filmo de QT : un huis-clos qui rappelle la mercerie de "Hateful Eight", des personnages borderline évoquant ceux de "Pulp Fiction", des scènes vues successivement sous plusieurs points de vue comme dans "Jackie Brown"...
Alors certes, "Bad Times at the El Royale" s'avère un poil trop long, et son final n'est pas à la hauteur de ce qui a précédé, mais franchement Goddard nous offre du cinéma-plaisir comme on en voit trop rarement, avec une mise en scène chiadée, une BO du tonnerre (à base de Motown principalement) et des protagonistes bien barrés.
Pour incarner ces personnages déjantés, le réalisateur peut s'appuyer sur une distribution hétéroclite mais convaincante, qui comprend à la fois des valeurs sûres telles que Jeff Bridges ou Jon Hamm, de nouveaux visages comme la chanteuse britannique Cynthia Eriva ou le bluffant Lewis Pullman, ainsi que des seconds rôles inattendus, à l'image de Xavier Dolan ou Nick Offerman.
Dommage que l'arrivée tardive de la vedette Chris Hemsworth constitue la principale déception de ce casting, tant le colosse australien n'affiche pas le charisme terrifiant que son personnage aurait nécessité.
L'action se situe à la jonction des années 60 et des seventies, ce qui contribue à offrir une atmosphère particulière et un contexte propice aux multiples développements de l'intrigue.
A ce propos j'ai beaucoup aimé la subtilité dont fait preuve Drew Goddard pour amener certaines révélations, choisissant de faire confiance à l'attention et à l'intelligence de son public :
les meurtres seulement évoqués à la télévision, l'allégorie de Charles Manson, la présence à l'hôtel du sénateur Kennedy...