Curieux de revoir The Three Caballeros, un Disney tenant de l’étrange fascinant pour l’enfant, il convenait de saisir l’occasion au vol pour donner sa chance à Saludos Amigos : en sa qualité de précurseur au susmentionné, et qui plus est aussi ancré dans les décors sud-américains, ce Classique d’animation manquait à mon tableau de chasse.
Toutefois, faute d’effluves nostalgiques, celui-ci semble bien en peine d’enthousiasmer : de fait, sa durée très courte comporte quatre séquences décousues, dont l’inégalité se fait l’écho d’une conception opportuniste dont les origines historiques… sont finalement bien plus intéressantes que le film lui-même.
En proie à d’importantes difficultés financières et une grève délicate, Walt Disney et certains de ses collaborateurs s’envolèrent en Amérique Latine dans le cadre d’un voyage diplomatique : celui-ci, « commandé » par le gouvernement états-unien, visait à combattre le nazisme montant chez ses voisins, conférant ainsi à Walt le rôle d’ambassadeur luxueux.
Saludos Amigos a ainsi pour particularité de chapeauter ses courts-métrages d’un narrateur malicieux, agrémenté de prises de vues réelles pour lier et affubler au tout une empreinte documentaliste originale : le « long-métrage » est donc la résultante d’un voyage nullement anodin, placé sous un prisme davantage politique qu’artistique.
Cette histoire et les anecdotes liées se veulent donc proprement croustillants, de quoi compenser en partie l’inégalité des animations tel qu’évoqué : certes, le personnage de Donald se fond à merveille dans le costume du touriste cliché, et ses déboires prêtent invariablement à sourire. Le niveau d’animation léger et le manque criant d’unité jure cependant, de quoi occulter en partie la patte « latine » dont se pare Saludos Amigos.
Entre ambition mercantile et vision assurément tronquée de cultures « exotiques », nul doute que les prétentions de ce Classique sont à remettre dans leur contexte, au risque de le réduire au rang de petite curiosité dispensable. Reste à espérer que sa suite ne bénéficie pas seulement de l’argument nostalgique.