« Sortez-les ! Mais sortez-les, nom de Dieu ! » hurlait la salle comble d’un cinéma grandiloquent.
Et, sous les quolibets de la foule, ils sortirent enfin, hilares et nus.
Car Riton et Jojo, en visite de routine dans la capitale, pour se réapprovisionner en herbe de bonne qualité, avaient eu la triste idée d’aller voir Samba, le nouveau film des créateurs d’Intouchables.
Quelle ne fut pas leur déception lorsqu’après 30 minutes à peine de métrage, tous les poncifs du film populaire avaient déjà défilé dans une vomissure acide de bons sentiments : le monde des immigrés style club Med, l’histoire d’amour qui n’en finit plus de commencer, l’africain bonne poire avec l’accent Banania (on n’avait pas vu ça depuis l’époque colonialisme !), le faire-valoir portugais (ou brésilien ou algérien c’est selon), le vieux sage type marabout qui balance ses vérités à chaque soupir,…
Bref, quand vint la scène insoutenable du strip-tease, laveurs de vitres pub Coca-Cola, sur l’échafaudage d’un gratte-ciel, Riton et Jojo, n’y tenant plus, s’élancèrent comme un seul homme vers l’écran de la salle où ils exécutèrent une démonstration toute personnelle de leur danse du ventre.
Ce fut bien entendu un désastre.
« Mais quelle rigolade ! » s’esclaffait encore Jojo en réajustant son caleçon sur le macadam de la grande rue lumineuse.
« Allez mon Riton, viens donc ! On va aller s’faire un p’tit pétard sur un vieux classique. Ca nous récurera l’esprit de cette bouse. »