Il faut préciser que Without Remorse est une adaptation plus que très libre du roman éponyme signé Tom Clancy. Je pense que le constat devient limpide au bout de 30 minutes, la dominante géopolitique et sophistiquée de l'écrivain ayant été gommées au profit d'un film de vengeance tout ce qu'il y a de plus banal. Il est même étonnant d'y retrouver le duo Stefano Sollima (à la caméra) et Taylor Sheridan (au stylo avec Will Staples) après le bon Sicario 2.
Comme on pouvait s'y attendre, le style aride du réalisateur est le point fort du film. Il permet de réinsérer un peu de réalisme, une donnée fréquemment survolée dans un genre qui aime faire grimper le décompte de douilles et morts sur le chemin en dépit de toute forme de plausibilité. L'espace de trois séquences, Sollima imprime une tension palpable en jouant sur les environnements hostiles ou de simples moments de suspension. Un découpage précis et un mixage son de haute tenue démultiplient chaque détonation et impact. Un bon point et il faudra s'en contenter.
Sitôt qu'on touche à l'intrigue et son déroulement, Without Remorse devient totalement générique. Dix minutes, c'est le temps qu'il faut pour deviner qui est qui et comment cela va tourner. C'est embêtant quand il reste 1h35 au compteur. Ça rappelle à ses dépens que ça peut paraître très long quand on a rien d'intéressant à raconter. Et ça, Stefano Sollima ne peut rien y changer. Si la teneur aurait pu se prêter à plus de subtilité, il faut croire que personne n'avait envie d'emprunter cette voie (n'est pas McTiernan qui veut). De fait, à part attendre que ça se passe et sortir de sa torpeur le temps de quelques minutes, l'investissement est minimal.