La Route Sauvage était un beau film parce qu'il était simple et humble. Sans jamais nous connaître ne parvient jamais à retrouver cette épiphanie alors qu'il joue pourtant sur les mêmes ressorts. A force de vouloir fuir l'esbroufe comme la peste (que ce soit dans la mise en scène, la BO ou le scénario, tout ronronne, façon musique d'ascenseur), Andrew Haig dessine un film dont la platitude n'a d'égale que celle de son personnage principal, qui passe son temps à se sentir gêné.
C'est terrible, mais on a la sensation qu'Adam n'existe pas. Et comment s'émouvoir pour un fantôme, vivant (?) dans un monde de fantômes ? Perdu entre la nostalgie de son enfance et un présent qui n'existe pas, Adam cherche un refuge auprès de ses parents décédés, miraculeusement ressuscités à la faveur d'une promenade autour de son ancienne maison. Postulat de départ osé (c'est à peu près le seul challenge du film, introduit par un simple clignement de paupières), les retrouvailles tournent court, l'étrangeté cédant le pas très rapidement à la banalité d'échanges autour du fossé générationnel et de souvenirs anecdotiques.
Il y a un peu plus de vingt ans David Cronenberg sortait Spider. Le concept n'était pas si éloigné (quête d'une enfance perdue, retrouvailles imaginées avec ses parents), et bien qu'imparfait, le film du Canadien distillait un trouble un peu cauchemardesque, à mille lieux de cet univers aseptisé baignant dans une lumière tamisée diffusant une chaleur artificielle. Las : le manque de parti-pris d'Andrew Haig achève d'éteindre la lumière vacillante qui anime le personnage d'Adam pour mieux nous entraîner dans une sieste cotonneuse dont on sort un peu hébété : comment ce produit sans âme, idéal pour le DTV, a-t-il pu se frayer un chemin vers le grand écran, conquérir autant de critiques et trouver son public ? En voilà un mystère autrement plus intéressant !