Opposer Nicholson & Freeman, c’était tout juste bon à faire une bonne affiche, tout comme le synopsis est tout juste bon à ramasser des clichés comme une toile d’araignée les moucherons : carpe diem, vivre sa vie à fond, blablabla. Sauf que.


Vu une première fois quand j’avais la moitié de mon âge actuel, j’avais trouvé Sans plus attendre marquant & il est resté pendant une décennie un coup de cœur d’arrière-plan, un souvenir assez vivace que je ne me remémorais tout bêtement jamais. Retrouvé par hasard & revisionné par curiosité, je le redécouvre dans sa courte entièreté.


Autemps pour le minimalisme donc : écrit en deux semaines, The Bucket List n’est certes pas un film qui remue ciel & terre même s’il traverse les deux tour à tour, mais il a la puissance d’un petit coup de génie. Pourtant il est mis en scène avec une humilité adorable qui consiste seulement à conforter les deux acteurs dans leurs habitudes. Leur compétence fait le reste, les rendant faciles à comprendre & le film facile à aimer.


À y réfléchir, les personnages secondaires de Beverly Todd & Sean Hayes sont même très convenus : la femme aimante, prête à supporter plus qu’il n’en faut, & l’assistant ultraperformant rigolo n’apportent rien aux mondes respectifs très plats des deux hommes, mais Reiner pose une question simple : “qu’est-ce que le film a besoin qu’on lui apporte ?” A-t-il besoin d’autre chose que le cadre qui lui sert de berceau & les coups de pouce scénaristiques rudimentaires qui font avancer l’histoire ?


Défilé de visages, de gros plans sur des microexpressions dont seuls Freeman & Nicholson sont capables, The Bucket List se contente de beaucoup voyager pour que la beauté de l’image se substitue de temps en temps à l’idéalisme de dialogues qui vireraient sinon très vite à la candeur dispensable. C’est une œuvre légère & fragile dont on n’attend absolument pas qu’elle s’attaque à des relations conflictuelles, ni à un tournage en globe-trotter (Tanzanie, Inde, Égypte, France…) & surtout pas autour du thème de la mort ; quand elle le fait, c’est avec une incroyable inconséquence, pour la bonne raison que, dans l’univers magique de Reiner où des hommes se battent pour leur vie, il n’y a plus rien d’autre pour quoi se battre.


Quantième Art

EowynCwper
7
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le 31 mars 2020

Critique lue 327 fois

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Eowyn Cwper

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