Dès les premières secondes, le destin de Mona est joué. Tout le film est un flashback sur lequel une intervieweuse (la voix d'Agnès Varda) va revenir sur ses anciennes rencontres, et nous parler plus en détails de ce qu'elle fut ou leur paraissait.
Il en ressort qu'aussi brève a été sa vie, Mona est un peu le caillou dans la chaussure de tout le monde, celle qui créera des turbulences dans des familles, et dont son avenir ne peut être que funeste, à vivre au jour le jour avec son duvet, dans une atmosphère glaciale.
Agnès Varda parle beaucoup de cette jeune femme au présent, mais très peu au passé ; tout juste sait-on qu'elle a fui son métier de secrétaire pour vivre en toute liberté, mais sans savoir ses antécédents familiaux, mais on voit quand même qu'elle n'est pas d'un caractère facile.
Le film repose uniquement sur une superbe Sandrine Bonnaire, 17 ans au moment du tournage, dont l'univers tournerait autour d'elle. On croise également quelques autres noms comme Yolande Moreau (son premier rôle), Stephane Freiss ou encore Macha Méril.
La réalisation est également particulière dans le sens où les comédiens semblent prononcer un ton atonal ; est-un hommage à Robert Bresson ou est-ce par rapport à cette atmosphère suffocante que le film montre ? D'ailleurs, plusieurs scènes du film ont été tournées près de chez moi, et j'aime toujours voir ce que furent ces décors si quotidiens des décennies plus tôt.
Après, pour apprécier le film, il faut se dire que c'est très sombre, où l'espoir n'est pas de mise car quand le sale caractère de Mona ne s'en mêle pas, c'est soit la météo (avec des fortes rafales), ou les personnages extérieurs qui lui feront subir des outrages, dont un viol ou une scène assez forte où elle sera souillée de peinture par les habitants d'un village.
Il en résulte quelque chose de très fort, que le regard fort de Sandrine aide à nous faire supporter, mais ça reste d'une certaine un portrait d'une femme battante.