L’inde est un pays immense, profondément fracturé entre religions et système de castes. La violence et la corruption font partie du paysage au même titre que les rites religieux de tous ordres. La loi, la justice et la police sont par essence au-dessus de tout cela, mais rien n’est simple dans ce pays qui vit à cent à l’heure. Le destin de Santosh, veuve de policier mort en service durant une émeute interreligieuse, prend une direction nouvelle quand elle endosse à son tour l’uniforme de la police. La toute nouvelle gardien de la paix se retrouve plongée dans une enquête sur le viol et le meurtre, d’une toute jeune femme intouchable. Rien que du banal. Santosh se confronte à la bêtise, la corruption et la passivité de ses collègues. Elle se heurte également aux divisions et aux fractures du pays. De plus, Santosh est une femme dans un monde d’hommes et ses collègues ne se priveront pas de lui faire remarquer qu’elle est « moins » que tous ceux qui travaillent dans ce poste de police. Notre morale occidentale n’a pas sa place ici, nos pratiques policières non plus, ne parlons même pas de la justice telle que nous la connaissons. L’idée de filmer la douloureuse initiation de Santosh qui se heurte à tous les préjugés et aux murs invisibles est ce qui tient le film. Une telle œuvre ne pouvait être filmée par un homme. Le message clé tient en une réplique : « il y a dans ce pays ceux qu’on ne veut pas toucher et ceux qu’on ne peut pas atteindre », entre deux femmes qui jouent les personnages principaux et dont la présence tient le film debout. Tout est dit en une phrase. dans ces quelques répliques entre les deux personnages principaux. La manière de filmer qui tient presque du documentaire rend l’ensemble plus vrai. On est loin des caricatures Bollywood. Il y a bien sûr quelques invraisemblances sont gênantes et nuisent à la crédibilité du propos, sans pourtant dénaturer le message. Bon film quand même.