Le premier film de Camille Vidal-Nacquet n'est pas parfait à bien des égards. On peut notamment lui reprocher une peinture un peu impressionniste de ses personnages. Cependant, sa beauté ne tient pas dans une description naturaliste de la vie de ces putes. Elle tient dans son titre et dans son hymne romantique et naïf à la liberté. En effet, Félix Maritaud est bien sauvage, il est le loup de la fable de la Fontaine qui préfère sa vie de souffrance à toutes les chaînes dorées. Il consent à dormir dehors, fumer du crack, avoir faim, être baisé comme une merde par des clients qui le méprisent, mais pouvoir danser sans répit, aimer qui il veut et être tendre avec qui il veut. Il aime cette vie sans confort, mais aussi sans mensonge et en cela ce film imparfait en devient beau.
Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :
Qu'est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu'importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.