J'étais passé à côté lors de sa sortie. Toute surprise de cette lacune, une copine - aussi friande que moi de trucs sanglants et de tueurs sadiques déjantés (à chacun ses petites marottes) - m'offre aussi sec le DVD pour le soir-même.
En lançant ce film je n'attendais rien. Je sais depuis longtemps que ma prédilection pour le genre horrifique suppose le visionnage d'un nombre incalculable de films moyens, ratés, mauvais, et d'un aussi grand nombre de navets et nanars. Et puis, parfois il y en a un, perdu dans le marasme ambiant, qui parvient à dépasser son statut et à se démarquer du tout-venant. Il arrive que ce film prétende même au titre de chef-d'œuvre (Shining, Alien, Massacre à la tronçonneuse...) mais il n'en a pas vraiment besoin, rehausser le niveau des productions, si nombreuses, du genre suffit souvent au succès. Saw est donc de ceux-là.
Sacrée bonne surprise de voir apparaître le nom de Danny Glover au générique. Mon intérêt se vit rehaussé par ce qui ressemblait pour moi à une caution qualitative.
En effet, Saw est plus qu'une basique tuerie. Convoquant polar et thriller aux côtés des figures du fameux tueur, le film joue avec les nerfs efficacement. Entre une enquête multipliant les fausses pistes et des scènes de meurtres tendues, c'est un yo-yo émotionnel garanti.
Le dispositif original et malin de ces meurtres est l'un des points forts du métrage.
La mise en scène, sans être exceptionnelle, reste propre et efficace. J'ai particulièrement apprécié la photo lorsqu'elle se fait poisseuse.
Le montage et le rythme gomment quelques invraisemblances et les acteurs sont relativement bons.
Et puisqu'il s'agit bien d'horreur et d'épouvante, force est de constater que Saw touche au but. Frissons malaisants (mes favoris brrr) et giclées sanglantes sont bien au rendez-vous, tant dans la suggestion et le hors-champ, que dans la démonstration frontale.
Au vu de son succès, Saw inaugura une série de suites confinant à la saga (près d'une dizaine de films). Aucune d'entre elles, peu importe leur succès, n'arrivera plus à ce degré de maîtrise. Pire, en se noyant rapidement dans la débilité scénaristique et la surenchère gore sans goût (si si ça existe le gore goûtu et goûteux), elles nuiront à la réputation de leur œuvre matricielle par effet d'assimilation.
Un premier opus réussi, qui s'il n'invente rien, sait utiliser les codes à son avantage avec maîtrise et inventivité. Et qui touche au but dans un frétillement d'épine dorsale.
Très bon.