Littlehampton, 1920. Edith, vielle fille docile et pieuse, reçoit des lettres anonymes truffées d’injures. Une seule coupable possible ; sa voisine Rose, une Irlandaise au langage fleuri et aux mœurs des plus discutables.
Thea Sharrock déniche une nouvelle histoire invraisemblable, propre à nos amis Anglais.
La mise en scène, polie, courtoise, ennuyeuse l'espace d'un instant, a pourtant toute sa place dans cette comédie de mœurs. À l’image de la bonne société Anglaise, Sharrock l'utilise comme une façade ; respectable sous tout rapport, mais bouillonnant de l’intérieur. Elle exulte la frustration quotidienne de ses personnages dans un déluge de répliques cinglantes et jouissives. Un véritable plaisir coupable.
Bourrée de névroses, Edith dérape délicieusement comme une plume enthousiaste sur le papier. Une fois de plus, Olivia Colman offre une performance subtile, aussi détestable que touchante. Viens bousculer cette existence étriquée, Jessie Buckey (Rose), authentique charretière d’honnêteté. Les personnages féminins sont constamment entravés par des hommes satiriques, qui apparaissent petit à petit comme l’origine de leurs névroses. Mais, à l'image de "l'agent de police femme" Moss, elles luttent, derrière des platitudes et autres fausses politesses, pour s'en défaire.
À plusieurs reprises, la lumière qui tente de percer les murs épais de leurs petites maisons, isole Edith et Rose dans cette vie qui leur échappe. Et lorsque Edith fait enfin face à son père autoritaire et misogyne, son rire nerveux résonne comme la tragique fatalité de son destin qu’elle n’avait jamais eu en main jusqu’ici. KLM