Scream par Nicolas Montagne
Le jour où Wes Craven s'est vu confier ce projet mérite d'être béni. En effet, c'est tout de même grâce à Scream que nous assistons aujourd'hui à un vrai renouveau dans le cinéma d'horreur. A force de s'enfoncer dans un conventionnalisme forcené, le cinéma d'horreur commençait à mourir. Scream était là pour secouer les puces à tout ce beau monde. Craven était déjà là dans les années précédentes pour rappeler à l'ordre ceux qui s'endormaient sur les franchises avec Le Sous-sol de la Peur et le complexe Freddy sort de la Nuit, mais il signe là, en collaboration avec le dépoussiéreur Kevin Williamson, LE film-coup de poing.
Jouant avec aisance avec tous les clichés du genre qui ont fini par le miner, Scream est toujours surprenant. Si dans un premier temps,il a eu un effet négatif, celui de la multiplication des copies (Souviens-toi...,Urban Legend,Mortelle Saint Valentin,...), il a ensuite ramené le genre à ses bases, aux La dernière Maison sur la Gauche, La Nuit des Morts-vivants,...et tout cela grâce à une dérision constante envers ce qui faisait l'endormissement du spectateur et la soupe du producteur. Avec des "je reviens tout de suite", des "derrière toi",et tout le toutim, le spectateur se moquait de ses habitudes et révisait ses classiques, de Halloween à Carrie en passant par Freddy (petit auto-clin d'oeil de Craven).
Vrai film cynique, mais vrai film passionné (et de passionnés), Scream s'attaque donc à l'immobilisme. Côté mise en scène, Craven est toujours impeccable et réussit à nous surprendre là où l'on s'y attend le plus, mais aussi le moins. Outre le twist final assez traumatisant à l'époque, on retiendra bien sûr l'heure et demie de tension avec ces coups de téléphone pervers, mais surtout une séquence d'ouverture absolument terrible où Drew Barrymore fait son come-back en fanfare. Un film historique donc, mais pas seulement. Un film d'horreur pur et dur.