Ce film c'est une lettre d'amour au cinéma, j'y vois absolument pas autre chose. Septembre sans attendre est de loin l'œuvre de Jonas Trueba la plus riche en référence littéraire et cinématographique et en idées de mise en scène.


Le sujet du film en plus de ça est hyper surprenant. Il évoque une séparation amoureuse sous un angle assez original, à savoir celui de la fête et de la célébration de la rupture. On ne connaît pas les raisons qui ont poussé les personnages à se quitter mais cela n'a pas d'importance. Le plus important c'est leur vie quotidienne, lorsqu'ils invitent leurs amis et qu'ils leurs expliquent la manière dont ils veulent conclure leur relation. Toutes ces rencontres et ces interactions constituent la majeure partie du film.


Et à travers ces rencontres, Jonas Trueba utilise de manière hyper intéressante la répétition comme motif narratif. Elle lui permet d'explorer les différentes émotions que les personnages d'Ale et Alex rencontrent lorsqu'ils font face à chacune des réactions de leurs amis. On voit qu'à travers ces réactions, les deux personnages tentent de se remettre en question, notamment celui d'Ale. Elle sent que sa vie prend véritablement un tournant et on ressent à la fois sa peur et sa préoccupation. Le film ne raconte pas simplement une rupture mais il explore la façon dont on gère les changements et les transitions dans notre vie.


Un autre aspect ultra intéressant du film c'est son côté méta. À travers cet aspect là, le film parvient même à s'auto critiquer. Certaines scènes montrent ouvertement la fabrication du film dont une où l'on observe certains personnages critiquer cette répétitivité des scènes de rencontres entre Ale et Alex et leurs amis lorsqu'il est question d'annoncer la séparation. Le père de Jonas Trueba, Fernando Trueba, fait d'ailleurs une apparition dans le film et est filmé derrière une caméra décidant de couper une scène. La symbolique derrière cette séquence est ultra intéressante. En plus de ça, Jonas Trueba s'amuse tout au long du film à dévoiler totalement l'envers du décor. La table de montage est filmée à plusieurs reprises d'ailleurs. Le montage lui-même semble volontairement approximatif au début du film et s’affine au fur et à mesure que ses personnages modifient leurs scènes.


À travers ce film, il se renouvelle aussi dans ses influences, avec Eva en août on ressentait clairement le style d'Éric Rohmer, dans celui-ci on ressent davantage celui de François Truffaut.


D'une manière générale, le film propose une vraie réflexion sur la création artistique. Bluffé par la proposition qu'a fait Jonas Trueba avec ce film et sa manière dont il arrive à surprendre et à se renouveler sans cesse par rapport à ses autres films.


Il fait assurément partie du top 3 des meilleurs réalisateurs actuels et il est certainement pas troisième. La propagande Jonas est pas prête de s'arrêter !

CO98
9
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le 3 oct. 2024

Critique lue 23 fois

CO98

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