Contrairement à la croyance populaire, Kathleen Turner n'a pas été que l'amante fictive de Michael Douglas sur grand écran.
En effet, avant que l'actrice n'ait été contrainte d'interrompre brutalement sa carrière, celle-ci a interprété de nombreux rôles méconnus.
Parmi eux, on retrouve celui de Beverly Sutphin: une mère au foyer tout ce qu'il y a de plus stéréotypée...à quelques exceptions près.
En effet, sous ses airs faussement souriants, Beverly est une Serial Mother. C'est-à-dire une tueuse en série butant tous ceux qui contrarient elle-même et sa famille dans une indifférence jouissive.
Vous souvenez-vous de cette phrase de John Connor?
-Tu peux pas tuer tous les gens qui ne te plaisent pas.
Ce principe est totalement étranger à Beverly allant jusqu'à prendre ses actes littéralement meurtriers pour un jeu amusant.
Si vous aimez les comédies à l'humour noir, ce film est fait pour vous. Beverly n'est pas seulement une parfaite anti-héroïne, elle est également un personnage jouissif pour lequel on peut avoir une certaine compréhension cette dernière ne tuant jamais gratuitement mais uniquement par contrariété.
Une femme odieuse parle mal à son fils: MORTE! Le copain de sa fille la largue: MORT! Un professeur manque de respect à elle et son fils: MORT!
En effet, même si la plupart d'entre nous parviennent à endormir nos pulsions destructrices par principes moraux et, surtout, respect pour autrui, qui n'a jamais rêvé de tuer des personnes nous regardant de haut, nous insultant, nous manquant de respect, nous prenant brutalement la dernière place de parking à portée de main?
Bon, par contre, tuer des personnes dont vous n'aimez pas les goûts vestimentaires, ça n'est pas cautionnable.
Bon, avoir un excellent protagoniste, c'est très bien. Mais qu'en est-il des autres personnages? Et bien, on alterne entre les bons et les ennuyants.
Déjà, au niveau de la famille de Beverly, c'est du touché-coulé.
En effet, à l'exception du fils de Beverly, Chip (Matthew Lillard), qui est vraiment très divertissant en étant mi-comique, mi sérieux, les autres ne sont pas mémorables entre le mari benêt (Sam Waterston) et l'ado geignarde (Ricki Lake).
En ce qui concerne les voisines de Beverly, on ne qu'avoir de la compassion devant la voisine malchanceuse (Mink Stole) subissant le courroux de Beverly parce qu'elle était au mauvais endroit au mauvais moment ou rire des autres voisines bébêtes ne voyant pas le monstre sous les traits d'une charmante mère au foyer cuisinant pour toute sa famille ou rendant visite à ses voisines pour boire le thé ou apporter des petits gâteaux.
Pourrait-on voir ici une critique subtile du stéréotype insultant de la ménagère docile et souriante?
Pour le reste des rôles, ça se contente d'être des individus pas très sympathiques ou des idiots...
...dont on ne regrettera pas les morts.
....sans compter le fait qu'on sent bien les clichés des ados des années 90 ne pouvant pas plaire à tout le monde: kékés, poufs...
Les seuls qui se démarquent un peu sont les deux policiers enquêtant sur les meurtres: l'un dynamique dans sa lucidité, l'autre jouissif dans son idiotie (Scott Morgan et
Walt MacPherson); ainsi que Birdie (Patricia Dunnock), copine de Chip faisant face tant bien que mal à la situation comiquement dangereuse.
Mais Serial Mother n'est pas qu'une comédie à l'humour noir. C'est également une satire de la société perturbante où on n'hésite pas à vendre des produits dérivés à l'effigie d'une tueuse mentalement instable parce que "c'est rentable".
De plus, ceci amène à une fin totalement amorale où Beverly ne paiera jamais pour ses crimes et continuera ses actes morbides indéfiniment.
Bref, une très bonne comédie noire qu'il faut absolument regarder!