Revu après un premier visionnage il y quelques années, c'est définitivement un très grand film qui m'a davantage touché que la première fois.
Lumet parvient à montrer avec une telle justesse l'impuissance de Frank Serpico tout au long du métrage, corrélé à cette corruption omniprésente. Cette impuissance qu'on nous montre d'emblée dès l'introduction du film, avec un homme gravement blessé.
La narration est agréable à suivre et très efficace. Au fil du film on se rend compte que la corruption gangrène toute les strates : du policier de terrain jusqu'au responsable politique et cela se manifeste par le changement d'attitude de Serpico qui perdra son espoir et sa naïveté pour se renfermer sur lui-même et s'isoler.
Un isolement matérialisé par une carapace de poils qui se développera sur son visage : le visage glabre et juvénile du jeune homme fraichement nommé policier laissera place place à un celui d'un homme fatigué et cerné dont la barbes et les cheveux poussent à l'image de cette corruption qui monte toujours plus haut dans les autorités du pouvoir en place.
L'extravagance et les méthodes adoptés par Serpico rompt totalement avec les pratiques en places dans la police new yorkaise. Serpico est un homme de terrain qui use de la couverture et s'imprègne de son environnement pour tromper l'ennemi. Entre la cruauté de ses collègues et l’hypocrisie de sa hiérarchie le chemin vers une police intègre vis à vis des valeurs portées par Serpico semble inaccessible.
Cet homme qui s’intéresse au ballet, aime les animaux et se contrefout de l'argent semble être un ovni au milieu des requins qui l'entourent. Et quelle intensité avec laquelle Al Pacino parvient à interpréter ce personnage...
J'aime énormément ce New-York d'époque et l'atmosphère qui y règne. Qu'on retrouve chez d'autres cinéastes et films de cette période.
Vu en Octobre 2019
2 fois en 2022 dont séance cinéma festival lumiere 2022