Le mouvement #MeToo, on en a tellement soupé dans les médias, qu'on est quasiment certain de tout savoir sur le sujet... Mais She Said va nous montrer que non, on peut remballer gentiment notre lassitude, pour nous laisser porter par ce binôme de journalistes (très Les Hommes du Président dans l'âme... Les Femmes du Producteur, en quelque sorte) bien décidées à faire tomber le pervers le plus cité par les femmes (terrorisées) du cinéma... L'enquête avance, les témoignages s'enchaînent (souvent les mêmes), les procédures de chantage et d'agressions sexuelles nous donnant envie de rendre copieusement (que n'ai-je pris de boîte à popcorns...), les découvertes se faisant rares (pour notre part) mais pas inexistantes (on ignorait la promesse faite - oralement... - aux femmes abusées que leur silence paiera la mise en place de nouvelles mesures de protection pour les suivantes, et tout le réseau de la boîte de production qui a étouffé l'affaire... Elles pensaient alors sauver les futures proies du monstre, ce qui a été une information importante dans notre connaissance du sujet, on contextualise bien mieux). Aussi, on attendait au tournant la mise en scène de Maria Schrader (Unorthodox, réquisitoire poignant contre la masculinité religieuse toxique, qu'on vous recommande viscéralement), et l'on peut dire que l'on retiendra surtout celle de sa mini-série, car celle de She Said se range derrière le classique mélo hollywoodien (les gens qui pleurent, se font des câlins, donnent leur avis frontal sans trop d'argumentation : "Harvey Weinstein... c'est moche."), facile à suivre, jamais prise de tête, et au moins didactique pour le spectateur venant davantage pour le contenu que la forme (un bien pour un mal). Carey Mulligan et Zoe Kazan sont convaincantes en journalistes, et lorsqu'on constate le démentiel travail d'enquête (risqué, épuisant, peu informé pendant longtemps...) réalisé, on ne peut que tirer notre chapeau aux modèles réels. C'est le principal atout de ce She Said : rendre hommage aux deux femmes qui se sont saignées pour pouvoir faire éclater l'affaire, honnorer et justifier l'agissement (souvent décrié par la presse à scandales) de celles qui ont osé parler, permettre un mouvement qui est aujourd'hui repris à toutes les sauces mais qui, à la base, a été le Salut de bien des femmes. Dernier point sur lequel on veut arriver : voir le Monstre de dos (Schrader ne lui fera jamais la courtoisie de montrer son visage, tant mieux, on n'avait rien pour déglutir), après tous les enregistrements sonores effarants de ses pratiques, a suffit a mettre des frissons à toute la salle.