Une petite question pour commencer… Vous savez comment on dit « beauf » au féminin ? Non ?
Bah moi non plus…
Il faut dire qu’avant de voir ce film moi non plus je ne m’étais jamais posé la question. Mais bon, depuis ce « Si j’étais un homme », à défaut d’avoir ma réponse, au moins ai-je une belle description du concept ! Parce que bon, pour moi, ce film EST le beauf au féminin.
Et franchement c’est très instructif, parce que jusqu’à présent j’avais été abreuvé d’une multitude de films capables d’illustrer à merveille la culture beauf masculine mais, de mémoire, je n’avais encore jamais été sensibilisé cinématographiquement parlant au penchant féminin. Merci donc à Audrey Dana pour cette œuvre remarquable de beaufitude. Même si, bon – on ne va se mentir non plus – imaginer du beauf au féminin, ce n’est finalement pas si dur que ça...
A voir ce film d’Audrey Dana, au fond, ça consiste juste à inverser les sexes entre beauf et objet d’étude du beauf. Si dans un film de mecs beaufs les nanas sont toutes caricaturées selon le prisme très occultant des fantasmes et de l’ignorance de leurs auteurs à testicules, il en va finalement de même quand les femmes beaufs se décident à parler de la masculinité.
Ainsi, dans « Si j’étais un homme », il suffit que des roubignoles poussent au personnage principal pour que soudainement, ça lui donne un appétit sexuel irrépressible ; pour que la vue d’un corps féminin à peine dénudé monopolise soudainement toute son activité cérébrale, ou bien encore pour que ça la rende irrépressiblement impulsive pour un rien ; prête à gueuler sur tout et n’importe quoi…
Bref voilà comment une femme « beauf » perçoit donc les hommes. Mais surtout, voilà comment un titre très intéressant se transforme en un film plus que regrettable.
Moi, quand j’ai lu le titre « Si j’étais un homme », je pensais bêtement qu’Audrey Dana allait explorer toutes les différenciations culturelles et sociales qui séparaient aujourd’hui les hommes et les femmes. A une époque où certains prétendent que beaucoup de progrès ont été faits en termes de réduction des inégalités sexuelles, je trouvais que ça pouvait être vachement intéressant de voir un regard de cinéaste là-dessus, un regard de cinéaste féminine qui plus est.
L’air de rien, ça pouvait être aussi l’occasion d’une belle comédie de mœurs – voire comédie tout court – dans laquelle on pouvait tous se sentir concernés.
Mais non, ce ne fut donc pas ça…
Visiblement, quand Audrey Dana réfléchit à ce qui différencie les hommes des femmes, elle se dit juste que tout n’est qu’une question hormonale : les normes sociales différenciées, les écarts de comportement, les différences d’attitude… Tout ça, c’est juste naturel…
Aussi naturel qu’une femme soit attirée par un homme et un homme par une femme d’ailleurs ! Parce que oui – attention spoilers – dès que le personnage principal dispose de testicules, eh bah subitement...
elle est attirée par les femmes dites donc ! Mais c’est super ça aussi en termes de beaufitude dites-moi ! Considérer que le comportement hétérosexuel exclusif est purement dicté par la nature de nos gonades ! Non mais si ça ce n’est pas le summum de la puissance beauf ?!
Enfin bon…
Le pire c’est que j’ai juste envie de plaider l’ignorance pour Audrey Dana.
Elle n’a pas l’air animée de mauvaises intentions la pauvre dame, c’est juste qu’elle ne sait pas trop de quoi elle parle.
Parce que bon, dans la forme, son « Si j’étais un homme » respecte plus ou moins convenablement les codes de la romance à l’américaine.
Sur la fin de son film, elle s’efforce aussi d’apporter quelques nuances dans son propos ultra-scabreux.
Et puis enfin, j’avoue qu’il est quand même difficile de ne pas être sensible aux charmes conjugués d’Eric Elmosnino et d’Alice Belaïdi qui, malgré les situations pas top qu’on leur offre, savent malgré tout donner de l’épaisseur à leurs personnages.
Bref, c’est tous ces petits détails qui font que je suis en fin de compte bien clément à l’égard de ce film…
Ça , et le fait qu’Audrey Dana montre ses boobs à la fin du film (Comment ça c’est une remarque beauf ?!).
Bref quel dommage qu’un tel sujet qui pouvait être l’occasion d’une belle comédie questionnant nos mœurs se réduise finalement en un banal touche-pipi d’une heure et demie ! Une occasion de perdue.
Sur ce coup là, Audrey, franchement, t’as vraiment losé…