Au fin fond des montagnes Turques, là où les traditions persistent, Sibel, jeune femme muette et solitaire s'écarte de son entourage et la pression d'un mariage arrangée ou d'un voile à porter. Toujours en mouvement, infatigable et à la poursuite d'une créature qui n'existe probablement que dans sa tête, c'est une aventurière qui s'émancipe seule et au contact de la nature grâce à son instinct de survie.
Elle rencontre Ali, un déserteur qu'elle va cacher et apprendre à connaître. Tous deux mis à l'écart par choix ou de force, de la société, ils vont apprendre à se faire confiance et se dresser contre les obstacles qu'on leur pose.
Rythmé par une performance physique et étouffante de l'actrice Damla Sönmez, le scénario pourtant simpliste, réserve de nombreuses surprises, tant ses agissements sont imprévisibles. Performance qui fait penser à celle de Samal Yeslyamova dans "Ayka". Sauf qu'au lieu d'affronter un hiver rude, elle affronte un village avec une volonté de fer, n'ayant que ses sifflements pour se faire entendre. Mais les relents traditionalistes ressurgissent au sein de son foyer avec un père divisé qui ne sait plus comment éduquer ses filles.
Sibel est une Lara Croft bien plus convaincante que la vraie que nous avons découverte l'an dernier dans "Tomb Raider". Mais bien au-delà de cette apparence, c'est un film naturaliste qui parle de déchirure et de solitude au sein d'un foyer qui nous rappelle le magnifique "Mustang" de Deniz Gamze Ergüven.