Don Siegel, j'ai déjà dû avoir l'occasion de le dire, est un réalisateur solide de films d'action que ce soit westerns ou polars. Là on est en 1970 et il tourne ce western avec pour acteur principal Clint Eastwood qui sort de sa période italienne et a rejoint Hollywood depuis quelques années…
Là, on est bien de retour au western classique hollywoodien même si la dégaine et le ton faussement désinvolte de Eastwood pourrait, un instant, laisser penser le contraire. De même, la musique d'Ennio Morricone, elle aussi, fait plutôt dans le classicisme.
Le scénario est tiré d'une histoire de Budd Boetticher, qui, lui, est une vraie référence du western classique. L'histoire a pour originalité la rencontre assez improbable, au milieu du désert mexicain, d'une bonne sœur Sara (Shirley MacLaine) et d'un mercenaire américain Hogan (Clint Eastwood) sur fond de guerre d'indépendance du Mexique contre ce bête et méchant occupant français. Pensez-donc qu'on peut les attaquer le 14 juillet car, c'est bien connu, ils sont tous pétés comme des coings !
Les deux personnages s'allient contre mauvaise fortune pour entreprendre une aventure qu'on pourrait qualifier de picaresque pour aider cette révolution naissante. Bien entendu, avec un couple pareil, un peu contre-nature, on imagine tout de suite les échanges aigres-doux ou amusants entre les deux dont l'éducation ou les mœurs sont, a priori, fondamentalement différents. Et c'est vrai qu'on regarde avec plaisir ce couple en train de se faire peu à peu l'un à l'autre. Bien sûr, on sent bien que le vernis de l'un et de l'autre commence à craquer : la bonne sœur qui lâche par inadvertance une expression incongrue dans sa bouche "la main aux fesses" ou qui s'isole pour tirer taffe sur taffe un reste de cigare ; le cow-boy solitaire et cynique qui laisse apparaître un bon fond. Shirley Maclaine est bien dans son rôle de bonne sœur qui ne peut guère cacher son côté mine de rien séduisant.
Quant à Clint Eastwood… Ah cet acteur me pose parfois un problème existentiel surtout lorsqu'il joue des rôles de cow-boy (impitoyable) ou de flic (l'inspecteur Harry) ou de militaire (le maître de guerre). En effet, cette espèce de fausse désinvolture, ce probable second degré me semblent le desservir plus qu'autre chose. Tout se passe comme s'il lui fallait tenir un certain style, une certaine allure, une attitude convenue que les spectateurs doivent pouvoir reconnaître et retrouver. Attention, ce n'est pas du tout la désinvolture qui me gêne, c'est la façon de la jouer qui me parait juste légèrement artificielle chez Eastwood au contraire par exemple de la désinvolture d'un Mitchum qui est bien plus naturelle, intrinsèque à l'homme et donc plus crédible.
Heureusement, dans ce western, c'est nettement moins pire qu'ailleurs (les trois films cités plus haut) et Eastwood y compose un bon numéro d'acteur.
Au final, c'est un western divertissant avec quelques belles scènes comme celle de la flèche. La portée du western restera toutefois assez limitée.