Signes par Nicolas Montagne
Dès les premières notes de l'incroyable partition de James Newton Howard, on comprend l'intention nouvelle de M.Night Shyamalan : il continuera dans la précision et l'invention puisque c'est visiblement son credo, mais il va cette fois-ci tenter de faire peur. En effet, Signes est un film qui ne lésine pas sur les effets d'ellipse et de monstration décomplexée pour effrayer le spectateur. Ce savant dosage entre l'univers d'un Tourneur et d'un Hitchcock fait justement la richesse du film, car il invente une nouvelle manière de faire peur. Les dernières scènes du film sont la parfaite illustration de ce fait puisqu'on ne voit jamais véritablement les créatures, sans cesse floutées et partiellement elliptiques. Pourtant, elles sont physiquement là. C'est toute la magie du cinéma de Shyamalan.
Le cinéaste continue néanmoins à diviser les foules avec un discours que d'aucuns ont qualifié de "bondieusard", mais il pose au moins une question essentielle, toujours la même chez Shyamalan : pourquoi sommes-nous sur terre ? Est-ce que tout a un sens ? Ces questions servent une fois encore un twist final toujours aussi maîtrisé qui incite à la nouvelle vision du film.
Côté casting, il y a encore tout ce qu'il faut chez Shyamalan, aussi bien du côté des enfants que du côté des adultes. Mel Gibson crève toujours l'écran tandis que Joaquin Phoenix ne cesse de voir son talent croître (on se rappellera souvent de cette scène où il est terrifié devant sa télé). Quoiqu'il en soit, si Shyamalan introduit ça et là des répliques cultes (comme cette histoire de vomi qui montre que Shyamalan relativise le côté sérieux de son histoire), il ne lésine pas sur les scènes qui font peur, à l'image de cette terrifiante scène tournée pendant un anniversaire (la fonction pause de la technologie moderne n'aura peut-être jamais été aussi bien utilisée dans un but narratif).
En bref, Shyamalan nous convie une fois de plus à une de ces énigmes à l'esthétisme parfaitement maîtrisé et censé.