Parmi les films que j'ai vu de Michael Night Shyamalan (pas tous mais une bonne partie), "Signs" est indiscutablement le plus mauvais. Les défauts habituels du réalisateur d'origine indienne ne me dérangent pas forcément, à condition qu'ils soient canalisés par un scénario en béton, souvent rehaussé par un des fameux twists qui ont fait sa réputation.
Dès lors que le récit manque de ramifications solides, et que l'intrigue est dépourvue de véritable mystère, le film se recentre sur les personnages, caricaturaux, et sur les relations familiales, sans grande finesse chez Shyamalan.
D'ailleurs la meilleure partie de "Signs" est justement la première, tant que l'histoire se met en place et que l'énigme reste entière : le réalisateur parvient alors à maintenir une certaine tension.
A contrario, lorsque l'origine des signes est progressivement découverte, le film commence à se déliter, même si les premières mises en image des envahisseurs sont plutôt pertinentes, montrant suffisamment pour induire la terreur, mais pas trop, afin de maintenir l'imaginaire en alerte...
Par la suite, le traitement des extra-terrestres frôle le grotesque (allergiques à l'eau!), et le parallèle avec la foi manque cruellement de subtilité, au point de faire crier au prosélytisme les laïcards de tout poil... L'ultime plan ne s'embarrasse d'ailleurs d'aucune nuance.
D'autre part, plus le film avance, plus on devine que Shyamalan ne pourra s'en sortir que par un artifice scénaristique type deus ex machina pour parvenir à achever son récit. Ce qui ne m'avait absolument pas dérangé dans le très réussi "The Happening", car le dénouement ouvert découlait d'une parfaite logique narrative, m'aura semblé dans "Signs" affreusement artificiel et malvenu.
Quand je pense que "Phénomènes" (titre VF) est excessivement mal-aimé, alors que "Signes" bénéficie d'une certaine aura...
Un mot sur les comédiens, pour finir : Mel Gibson fait le job en pasteur veuf ayant perdu la foi, Joaquin Phoenix tente de sauver un personnage sans épaisseur, tandis que les enfants constituent les maillons faibles de cette distribution bancale, et c'est triste à dire.
En faisant de Rory Culkin et Abigail Breslin deux figures pénibles, l'un faussement mature et l'autre pleurnicharde, le principal responsable est bien Shyamalan, qui ne leur a pas rendu service...