En tant qu'adaptation, ce film est un échec. Peut-être que s'il c'était agi d'une histoire originale et que l'enjeu n'avait pas été de reproduire à l'écran ce que le livre arrive à nous communiquer en termes de malaise et de terreur, il aurait été un film plus qu'acceptable. C'était pourtant ce que, personnellement, j'attendais le plus de la part de cette adaptation : être fidèle à l'ambiance macabre et glauque que King n'arrive à instaurer que parce qu'il accepte de prendre son temps.
Or, c'est dans la direction totalement opposée que se sont orienté les deux réalisateurs du film. Il est évident qu'une adaptation ne peut jamais se permettre d'être la parfaite retranscription imagée de ce qui n'était qu'écrit. Pourtant, à l'instauration subtile et progressive d'une situation horrifique est substituée l'horreur simple et brute, comme si la peur ne pouvait se trouver autre part que dans un sursaut ou la vision d'un corps calciné. Au niveau du rythme, tout s'enchaîne alors très vite alors même que certaines clés ne nous sont pas données pour comprendre que l'histoire se fonde entièrement sur un lieu, le cimetière des Micmacs, et la dépendance à laquelle il enchaîne ceux qui osent s'y rendre. Cette relation de dépendance, de quasi-intoxication que provoque le cimetière n'est jamais explorée pour elle-même, et la puissance mystique et fantastique que l'on trouvait dans le roman passe ainsi complètement à la trappe.
Et pourtant, ironie du sort, il s'agit d'un film profondément frileux : on veut nous faire peur sans casser les codes, on veut adapter du King mais censurer son audace, on veut certes qu'un enfant meure, mais il faudra que ce soit le plus grand des deux. Le traumatisme de Rachel, bien plus profond que ce que le film veut nous faire croire, l'omniprésence de la mort et surtout, des présages de mort, la figure de Church, qui n'est pas tant censé être un chat-zombie qu'un moins-que-chat, un chat qui a perdu ce qu'il avait de domestique pour ne devenir qu'un chasseur de grosses proies, tous ces éléments qui devraient mettre en place un véritable inconfort pour le spectateur sont partiellement négligés au privilège d'une histoire de zombies. Un potentiel gâché donc, et un film qui risque malheureusement de n'être qu'un vague souvenir incapable de laisser une emprunte marquante dans l'esprit des spectateurs.