Que de travail intellectuel et d'interrogations sur ces adaptations multiples, les remakes et autres mises en forme du Roi King. Bon commençons par dire que si vous n'êtes pas adeptes de l'épouvante-horreur ou de ses codes, passez votre chemin, et ne passez pas par la case cimetière. Après re-visionnage du premier opus de Lambert, qui me semble un étrange téléfilm de qualité très moyenne de son époque, ce "Simetierre" m'a semblé un film nostalgique, mais non pas du premier opus, ni même de Stephen King, mais un pur hommage aux classiques de l'horreur et du suspens, avec une thématique de fond: la mort et la famille. Ici, et c'est la divergence, la vision de la mort intégrée au processus familial, qui est la thématique centrale, contrairement au premier opus qui ne s'intéresse qu'au refus de la mort et l'inéluctabilité du désir de ne pas perdre l'être aimé. L'interrogation est transposée au partage et à l'étrangeté d'une possession absurde de l'être aimé, totalement décalée. Même si les thèmes originels de la culpabilité, de la responsabilité et du refus sont conservés, le film prend un chemin surprenant en ne s'attachant pas seulement à la surface de ce fondement bien humain, mais à la perte de tout contrôle sur une notion qui nous dépasse et à ses propres objectifs. Sous les brillants traits d'une petite fille cette mort s'incarne, entière, et donne un autre sens au refus du "Simetierre" , à la nécessité du deuil utile.
Aussi les effets stylistiques de King et du premier volet ont été gommés du scénario, les éléments utiles changés et détachés du propos d'origine. C'est filmé sans excès, assez sobrement, esthétisé sans être surfait, correctement construit et les acteurs sont justes sans jamais surjouer, sans surenchère d'effets spéciaux, ni exercice d'accélération rythmique inutile au propos. C'est une adaptation comme on en fait plus, loin et proche du livre, très honnête, surement sous-estimée, étant donné le poids du père Cing, où il faudra noter la délectable participation d'un autre King, qui a écrit en tant qu'acteur de grandes pages du genre: John Lithgow.