Putain de bordel de merde que c'était bon ! Que c'était jouissif ! Pardon pour cette introduction au vocabulaire fleuri mais il y a si longtemps que je n'avais pas pris un tel plaisir régressif, un tel plaisir adolescent, un plaisir qui confine à la catharsis tant il joue sur la touche de l'émotion reptilienne.


De quoi s'agit-il ? Un ancien membre des forces spéciales finlandaise vit seul avec son cheval et son chien dans le grand nord lapon, découvre un gisement d'or et trouve sur sa route un escadron de nazis alors en route vers la Norvège suite à l'avancée de l'armée rouge, qui convoitera cet or, mais il est hors de question pour notre ermite de les laisser faire, pour cela il va systématiquement, radicalement opérer un véritable équarrissage en règle. Une boucherie absolue menée à un rythme affolant.


Le film multiplie les mises à mort spectaculaire, sans oublier quelques saillies d'humour noir pour instaurer les pauses nécessaire à la digestion de l'ensemble. Alors oui il y a des invraisemblances dingues, le mec survit à tout, c'est le genre de personnage capable de se faire une appendicectomie tout seul avec un hameçon rouillé et une anesthésie à base d'une gnole quelconque dans la boue, tout en brisant les rotules d'une armée complète, de survivre à un crash aérien, mais on a bien accepté qu'Indiana Jones chute d'un avion dans un canot pneumatique parce que lorsqu'un scénario est bien écrit, on tombe alors dans ce qu'on appelle la suspension consentie de l'incrédulité, qui permet d'accepter le temps d'un film ces incohérences à la réalité, à la physique et de s'éclater réellement.


Notre héros qui a pour autre particularité de ne jamais parler, reste néanmoins totalement compréhensible par sa gestuelle, ses expressions faciales, sa façon de se mouvoir, on devine son passé, son caractère, ce par quoi il est passé, face à lui ses antagonistes ou plutôt les tas de viandes sur lesquels il va exprimer toute sa rage et son imaginaire bestiale dans l'art de la mise à mort spectaculaire sont extrêmement bien écrits, ont du relief et abolir l'image du nazi à la tenue impeccable quelque soit la situation pour lui préférer une imagerie de mecs perdus, débraillés, dont les bottes et les atours de l'uniforme montrent la dureté d'une retraite forcée dans un environnement boueux, humide, sauvage, un peu comme ces G.I. au Vietnam qui embourbés dans la jungle ont laissé tomber le pli impeccable et le godillot ciré de frais m'a paru d'une grande pertinence.


Comme décidemment le film est intelligent, des personnages féminins interviennent avec force et sans être des faire valoir d'une masculinité toxique.


Bref, vous rajoutez à tout cela une direction artistique superbe, un sens du montage, du cadrage, du rythme de mise en scène d'une qualité notable et même si l'objet ne peut avoir comme ambition d'être le grand chef d'œuvre du septième art, que les partis pris peuvent si on y est pas sensible le faire tomber de la série B généreuse et sincère au nanar putrescent, le film tient toutes ses promesses et m'a apporté un bonheur absolu, j'ai pris un pied de fou à regarder ce mec sorti d'un pulp dévergondé défoncer du nazi avec une telle efficacité, d'où cette note proche de la perfection qui surprendra mais qui reflète mon sentiment primaire.

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le 3 nov. 2023

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