Dans une année 2024 où les films de SF tiennent la chandelle à Dune: Part Two tant le paysage cinématographique en est privé, (privé de bons films en règle générale) Slingshot choisit une autre voie, vise la lune et explose parfois en plein vol façon Challenger, avant de se resserrer sur son scénario au dernier des deux cliffhangers du film ou on se dit que, quand même, ce film aurait pu être excellent.


La ou il réussit son affaire, c'est la mise au centre du scénario, mais un budget trop bas, un réalisateur qui n'apprend pas de ses erreurs en la matière de Hâfstrôm qui half-ass son projet, un rythme découpé au couteau à bois par ces p---- d'hyper-sommeil, et un personnage central sous-développé, font de ce film un réel échec pour certains, un bel essai pour d'autres, une ellipse pour la plupart. La ou on peut s'accorder de dire que, par moment, Slingshot est cheesy, prend la forme d'un fourre-tout ou on va balancer du Shyamalan, du 2001 l'Odyssée de l'espace et du Fight Club, rare seront ceux qui y verront simplement un scénario solide aux inspirations nombreuses et qui parviennent dans l'écriture à s'agencer étonnement bien, le tout mis en scène à l'arrache.


Là où certains films à gros budget s'éparpillent avec une multitude de personnages souvent superficiels (Dune), le personnage central du film, interprété par Casey Affleck, qui, entre deux histoires d'harcèlement sexuel, livre une nouvelle performance top-tier, tourmenté par les choix et la propre survie avant tout mentale de son personnage. Avec Laurence Fishburne, le duo de tête nourrit une dynamique efficace qui parfois suffit à porter le projet, la navette spatiale et même à carry leurs réalisateur. Contrairement à d'autres films (Dune) qui cherchent à impressionner par la complexité de leur construction (parfois aux dépens d’une émotion réelle ou d'une tension authentique), Slingshot, lui, s’ancre dans une tension psychologique plus tangible. Le huis clos spatial est intelligemment utilisé pour exacerber l’isolement et l’instabilité mentale, rappelant brièvement des classiques non-avoués de la science-fiction comme Moon ou Sunshine. Ici, l'espace, quasiment invisible à l'écran, est écrasant et est, comme à son habitude en tant que toile de fond, un miroir des angoisses humaines, et dans le cas de Slingshot, un cadre prometteur pour des réflexions intimes sur les limites de l'homme.


On en vient au coupable, Mikael Håfström, dont ce Slingshot vient ponctué une carrière en dents de scie. Ses précédents films, comme le médiocre Escape Plan (un action flick bâtard) ou encore l’adaptation décevante de 1408, témoignent d’un manque de vision claire et d’un mauvais goût parfois prononcé pour la mise en scène. Avec Slingshot, il continue sur sa lancée en fait, et semble incapable de trouver le ton juste, oscillant maladroitement entre thriller psychologique, drame intimiste et film de science-fiction sans en maîtriser aucun. Les personnages manquent de direction, il échoue à rendre réellement captivant un scénario qui, sur le papier, est plus que prometteur, et Slingshot n’est malheureusement qu’un autre exemple où l'intrigue perd de son impact sous une réalisation indécise.


Niveau scénario, une histoire de dédoublement de personnalité bien amenée peut apporter avec elle son lot de thèmes intéressants, est propice à une certaine forme d'innovation scénaristique (split, fight club, 2 soeurs, Identity...) si tant est qu'on sache ce que l'on a entre les mains.

Le problème c'est que, de part cette mise en scène chiadé, le secret est révélé dès les premiers instants. Håfström semble donc bien content de suivre les tropes déjà usés de la science-fiction psychologique sans jamais les subvertir ou les enrichir, et on se retrouve avec un résultat extrêmement frustrant tant Slingshot aurait pu rééquilibrer la balance en étant un film plus intimiste et réfléchi. Au lieu de cela, il se prend parfois le mur en livrant une intrigue qui paraît paresseuse. Paraît seulement, car de mettre l'accent sur la romance dans les flasbacks et les hallucinations du personnage principal, de retourner dans un environnement extrêmement solitaire ensuite ou ces hallucinations, la paranoïa, et l'envie d'en finir prennent le dessus est, dans son fondement, une forme d'ambition scénaristique louable.


Le rythme du film maintenant. Alors, oui, Il est possible de créer de la tension avec un rythme mesuré, mais ici, c’est l’ennui qui domine. Slingshot reste coincé en apesanteur, faisant de moments supposés procurer une intensité émotionnelle des moments trop plats. Au lieu de créer une montée en tension, on se retrouve à attendre quelque chose. Cette patience mise à rude épreuve pourra, pour certains, donner à ces moments la sensation qu'ils ne sont ni surprenants, ni marquants. Pour d'autre, cet espèce d'échappatoire scénaristique qu'est l'hyper sommeil, sans jamais l’amené intelligemment, lui trouver un réel poids dans le scénario et plutôt introduit par des one-liners cringe type "time to dodo", est tout de même utilisée cinq six fois fois dans le film et fini de poser le constat de la paresse.


Le film avait tous les ingrédients pour réussir : un excellent casting, un cadre spatial propice à la tension et à la réflexion, et des thématiques fortes. Pourtant, sous la houlette d’un réalisateur qui semble incapable de tirer le meilleur des idées de son scénariste, tout cela s’effondre.


Après, il serait injuste de réduire Slingshot à ses failles. La performance de Casey Affleck et de Laurence Fishburn lui retire parfois de manière brillante son côté cheesy et maladroit (l'histoire du bras de lépreux qui explose en pustule, le comique de la scène de se tromper de direction, le jeu d'acteur en demi-teinte de Tomer Kapon, le manque cruel de bande originale...) , et la toute dernière séquence, avec son élan scénaristique plutôt lyrique mis en scène de manière beaucoup plus convaincante, sobre et sensible, comparé à la manière dont le premier cliffhanger est amené, laisse le spectateur sur une note poignante, suggérant qu'Håfström s'est réveillé avant de plier le tournage.


Slingshot n’est donc pas qu'un film à moitié manqué, mais une promesse de ce qu’il aurait pu être : une vraie histoire sur la condition humaine, errant dans l'immensité sans même avoir à glander dans le deep-space, sur la recherche de sens, sur l'amour et la solitude et sur notre capacité à faire le poids des choix, avant de se coucher en matant Jupiter depuis un point de chute six pied sous terre.

bloodborne
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