C’est peu dire que cette suite est une excellente surprise clairement inattendue! Après la déception du premier, on y allait même un peu à reculons mais il s’avère qu’elle gomme tous les défauts du premier et transcende son concept initial génial pour aboutir à l’un des films d’horreur les plus maîtrisés, innovants, pointus et réussis de ces dernières années. Ce qui veut dire aussi que tous les fans de frissons faciles, de rythme rapide et de copier-coller de succès récents risquent d’être déçus. Mais, conséquemment, que tous les adeptes de l’elevated horror à la « Midsommar » ou « It follows » pourraient trouver leur compte avec ce long-métrage horrifique plus commercial et accessible mais pas pour autant dénué d’intelligence. Au contraire. Et c’est d’ailleurs son concept diabolique qui ressemble un peu justement à celui de « It follows », avec ce mal invisible et qui se répand comme un virus psychologique et se caractérise par le fameux sourire maléfique, qui développe cette fois tout son potentiel dans cette suite et la rend meilleure que le premier film.
En effet, « Smile » premier du nom partait de ce postulat génial à la fois simple et efficace mais souffrait de longueurs, de personnages classiques pas très intéressants et de jump scares parfois trop faciles. Malgré son carton surprise au box-office, grâce auquel est né ce second épisode, on ne pouvait s’empêcher d’être peu emballé par le résultat. Et bien il semblerait que Parker Finn ait corrigé tout ce qui n’allait pas, manquait ou était en trop dans l’original pour délivrer la séquelle presque parfaite largement supérieure à son aînée. Et il faut avouer que dans le rayon des films d’horreur, c’est chose extrêmement rare, presque une anomalie. Car « Smile 2 » est clairement une petite bombe d’intelligence où quasiment rien n’est à jeter si ce n’est quelques zones d’ombres (parfois salutaires pour nous faire travailler l’esprit) et un récit peut être lent à quelques moments, ce qui permet aussi de changer de ce qu’on voit d’habitude et d’instaurer une atmosphère pesante et délétère.
Déjà la scène d’introduction est magistrale. Reprenant moins d’une semaine après les événements du premier, elle dont le ton avec une séquence choc d’une intensité incroyable. Puis vient le temps de planter un nouveau décor et un nouveau personnage ainsi que d’asseoir la mythologie (qui ne s’embarrasse plus des nombreuses et longues explications de « Smile » premier du nom). On passe d’une petite ville de province à la ville de New York qui, étonnamment, se révèle être le cadre parfait pour ce concept horrifique. Une excellente idée. Ensuite, le sous-texte ici est fort. Entre l’impossibilité de reprendre sa vie en main et la culpabilité après un grave accident et tout le côté malsain du star-system, « Smile 2 » a quelque chose à dire. Et quelque chose de très intéressant, creusé et pertinent. Tout cela grâce à la meilleure idée du long-métrage : faire de la protagoniste possédée une starlette à la Taylor Swift.
Inattendu et à priori complexe à fondre dans la malédiction qui caractérise la saga, cette proposition est au final ce qui en fait toute l’essence, la puissance et l’originalité. Jamais dans les clichés et très réaliste, le milieu dépeint ici est peu commun pour le genre et permet plein de choses que Finn optimise à merveille. Et le personnage de Skye Riley se présente comme l’un des personnages de film d’horreur les plus fouillés, passionnants et bien écrits depuis les époux Warren dans le premier « Conjuring » ou celui d’Ethan Hawke dans « Sinister ». Et l’actrice qui l’incarne, la méconnue Naomi Scott, est juste sensationnelle. La psychologie du rôle est délicate, touffue, parle de dépression, d’angoisse et de culpabilité avec beaucoup d’affects et de détails. En plus, c’est très en adéquation avec l’époque et la comédienne s’en empare à la perfection. Le film tient sur ses épaules de A à Z et elle est incroyable.
Rajoutons à toutes ces qualités, une mise en scène sublime et pleine d’idées aussi bien dans la composition des plans (superbes vues sur New York, la mise en scène de l’accident de voiture traumatique, ...) que dans la conception des moments horrifiques qui utilisent parfaitement la grammaire du showbiz (les séquences dans la chambre d’hôtel ou celles du shooting photo, incroyables). Et si « Smile 2 » n’est peut-être pas le film d’horreur le plus effrayant qui soit, il contient son lot de sursauts (jamais faciles mais utiles) et de moments clairement effrayants qui sont assortis d’une ambiance malaisante et angoissante. Et que dire d’une conclusion en forme de bouquet final qui nous assène plusieurs rebondissements inouïs pour se terminer une séquence incroyablement osée, dégoûtante et qui nous fait appréhender différemment tout le film tout en promettant un troisième épisode qui pourrait être dingue. 2024 a trouvé son meilleur film d’horreur à égalité avec la bombe « The Substance » sur un registre plus auteur. Ne restez pas sur le premier et foncez!
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