Bong Joon-Ho confirme son talent dans le film de S-F spectaculaire avec ce film à l'invention constante, au rythme, au dynamisme incroyable. Le sujet très simple est électrisé par la mise en scène qui lui apporte tout son intérêt, un peu comme George Miller l'a fait dernièrement.Il crée un univers très graphique qui éblouit le spectateur.Le cinéma retrouve sa fonction première qu'il avait au temps du muet :étonner, surprendre le spectateur,le faire entrer dans des mondes imaginaires tout en ne négligeant jamais le mouvement.Bong réussit à faire ressentir toute cette tension, ce besoin d'air frais des personnages.Les lieux que l'on traverse et les personnages que l'on rencontre sont déconnectés de tout rationnalisme hollywoodien:voir le personnage de Tilda Swinton,la traversée de la salle de classe, de l'aquarium,etc...
Les acteurs sont bons:Chris Evans en anti-héros total surprend,John Hurt ,Ed Harris,Tilda Swinton,etc...mettent leur talent au service du film mais c'est Song Kang-ho qui emporte la mise,lui qui jouait déjà dans The Host.Mais nous reviendrons sur son rôle.
L'humour noir de Bong fait à nouveau mouche,très visuel un peu pince-sans-rire.On retrouve sa personnalité dans cet aspect,et l'on sent que c'est un humour rafraîchissant,loin de l'humour occidental.
La caméra est virtuose, notamment dans les scènes d'action,et il y a un superbe emploi sur les couleurs qui revendique les origines BD de cet univers sans être trop voyant.
Mais il faut évidemment évoquer le propos très important du film, qui fait évidemment partie de son concept.Ce propos est très manichéen au départ mais se complexifie à fur et à mesure.En effet,l'histoire se répète:les classes inférieures, quand elles réussissent à écraser les classes supérieures, ne font que répéter les mêmes schémas.En fait le film apporte une solution:il faut sortir du système, sortir des rails définis à l'avance, symbolisé par ce train,cycle sans fin où la tête et la queue se confondent.Le message écologiste est également fort:il met en garde contre les solutions artificilles censées être apportées à un problème tel que le réchauffement climatique.Bong s'identifie donc davantage au personnage de Song Kang-ho,visionnaire qui va au-delà de la simple révolution.C'est d'ailleurs le personnage le plus complexe,le plus intéressant du film,là où les autres personnages sont plus archétypaux.Cependant, la critique sociale dans The Host était harmonieuse et naturelle,elle paraît ici un peu mécanique et peine à convaincre à force d'invraisemblances et de manque de rigueur.Le "message" s'embrouille et Bong est obligé de s'incliner devant la machinerie hollywoodienne.Cependant,on est surpris par une telle audace,une telle noirceur.
En effet,le film se distingue du carcan hollywoodien par son pessimisme et par sa dénonciation peu conventionnelle de la violence.La scène face aux hommmes de main,se déroulant dans le noir, est très impressionnante.C'est une saisissante plongée dans l'horreur que Bong regarde avec dégoût à l'instar du personnage de Song Kang-ho.
Snowpiercer est un film qui a des défauts:il a des incohérences,il exploite mal certains concepts.Bong Joon-ho n'a visiblement plus la liberté de The Host.
Mais Snowpiercer n'en demeure pas moins un film d'une originalité, d'une audace,d'une personnalité qui mérite d'être saluée et qui rend le film fort attachant.

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le 29 oct. 2015

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Oktaf

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