Le biopic est un genre souvent dénigré, parfois à juste titre, mais à titre personnel j'avoue que je reste assez client de ces films narrant le parcours de figures plus ou moins illustres de l'histoire du XXème siècle ou de la pop culture.
Avant de voir "Sœur Sourire", je ne savais à peu près rien de la vie de Jeannine Deckers, cette religieuse et chanteuse belge qui connut son heure de gloire au début des années 60, grâce à son tube international "Dominique".
Le film du belge Stijn Coninx apparaît certes très scolaire (à l'image de sa reconstitution des sixties assez figée, émaillée de divers objets d'époque un peu trop neufs, et d'automobiles rutilantes), mais l'histoire de Sœur Sourire se suffit à elle-même, assez incroyable - à la fois unique et quelque part universelle - pour susciter l'intérêt, voire une certaine fascination.
Coninx choisit de prendre son temps (le film dure 2H), et c'est une option payante notamment dans la première partie, permettant de détailler l'évolution de la jeune Jeannine, chez les scouts et dans sa famille, puis surtout lors de son séjour au couvent, période durant laquelle s'affirment les nombreux paradoxes du personnage, et son incapacité à les concilier.
On se laisse bien sûr embarquer par l'incroyable success story de celle que les anglo-saxons surnommeront "the singing nun", mais on commence à pressentir les difficultés à venir.
Pour avoir vu le documentaire proposé en parallèle par Arte (à privilégier pour ceux qui veulent aller à l'essentiel sur ce sujet), on constate que le réalisateur a tendance à édulcorer la seconde vie de son héroïne, lorsqu'elle quitte le couvent et s'installe avec sa "bonne amie".
On assiste certes aux difficultés rencontrées avec sa maison de disque, ainsi qu'avec l'Eglise Catholique, puis à son insuccès en tant qu'artiste, mais le film n'insiste guère sur la profonde dépression qui rongera Jeannine durant des années. On a l'impression que les évènements s'enchaînent assez rapidement,
alors que son suicide ne surviendra qu'en 1985.
En dépit de ses insuffisances, j'ai suivi "Sœur Sourire" avec un intérêt et un plaisir à peu près constants, notamment grâce à la performance bluffante de Cécile de France (qui se charge aussi des chansons, histoire de leur donner un coup de jeune).
La comédienne ne recherche pas le mimétisme (malgré les grosses lunettes), proposant un personnage foncièrement différent de la véritable Jeannine Deckers, mais cette "modernisation" était sans doute indispensable.