Tarkovski nous gratifiant d'une réplique soviétique à 2001 : L'Odyssée de l'espace, créant ainsi une guerre froide de la science-fiction empreinte de réflexions sur l'humanité, ne peut qu'intriguer a minima. C'est alors que celui-ci nous entraîne dans un huis-clos spatial remarquable jalonné de scènes envoutantes et à la poésie phénoménale. Le spectateur est alors amené à suivre ce chemin qui paraît infini à bord de cette voiture qui semble se laisser transporter par le vent tant ce moment est surréel, on le laisse tout autant contempler cet instant, tout simplement magnifique, en apesanteur et où les consciences semblent s'élever vers un idéal trop éphémère car trop mensonger. Solaris nous transporte donc dans différents registres : entre science-fiction un peu vieille aujourd'hui (et comment lui en vouloir ?) et thriller psychologique époustouflant dont le traitement n'est pas sans rappeler une autre œuvre que Kubrick confectionnera plus tard, à savoir un certain Shining. Le réalisateur russe brosse de fait le destin poignant d'un psychologue confronté à la matérialisation de sa propre conscience sous les traits de son amour depuis dix ans disparu et pour ses retrouvailles avec ce qui n'est que la figure de l'être aimé, Tarkovski n'hésite pas à fournir un travail minutieux des couleurs, offrant comme à son habitude une grâce, une splendeur et une véritable poésie esthétique à son film. Merveille visuelle donc, appuyée par tout une intrigue autour de la solaristique, si mystérieuse et aussi opaque que les eaux troubles qui se confondent avec les tumultueux nuages de la planète éponyme, qui en devient bouleversante pour tous nos protagonistes. Tarkovski nous fait donc part de sa finesse et nous permet de méditer sur une autre de ses créations qui confirme alors son statut de maître en matière cinématographique.