Voici un film de Mocky réalisé en 1970 dans sa belle époque cinématographique que j'arrête au début des années 80. Après les films sont carrément craignos.
Solo, c'est l'histoire de 2 frères ex soixante-huitards aigris qui se sont donnés des destins différents. L'ainé (JPM) est devenu concertiste (de talent) et cambrioleur : la société, il faut en tirer le meilleur parti et surtout profiter.
Le petit frère, toujours étudiant, s'est radicalisé comme on dirait aujourd'hui : la société, metro-boulot-dodo, on n'en veut pas et il faut commencer par éliminer les décideurs tous pourris ; dont acte.
L'ainé trouve la position du frère non seulement illusoire mais surtout inutile. Mais c'est son frère et donc le film va consister dans 2 itinéraires parallèles, la police d'un côté pour arrêter le terroriste, JPM de l'autre côté pour essayer de sauver son frère des griffes de la police.
Les aspects positifs : la bande de terroristes (je dirais en herbe sauf qu'ils ont un matos pour dessouder les bourgeois proches de celui des professionnels), la bande de terroriste, disais-je, c'est avant tout des petits bourges, fils à papa qui s'ignorent. Il n'est jamais inutile de rappeler que le mouvement étudiant de 1968 fut l'expression d'un mal-être de gens qui s'interrogeaient sur l'avenir de la société, de leur place dans cette même société face à une génération issue de l'après-guerre, leurs parents. Il est amusant de voir l'évolution de ces jeunes révolutionnaires au bout de 10 ans.
Pour revenir au film, il est vrai qu'une faible minorité n'a pas supporté la récupération ultérieure du mouvement de 1968 et l'évolution des leaders et a choisi l'action directe, de préférence à l'étranger, elle aussi récupérée par une idéologie.
Les aspects négatifs : c'est toujours la même chose avec Mocky qui ne peut s'empêcher d'émailler le film de réflexions anarchisantes anti-tout. De plus, le spectateur a souvent la fâcheuse impression d'une certaine nonchalance dans la réalisation des films avec un scénario qui semble peu travaillé et des acteurs qui semblent en roue libre. Dans Solo, c'est un peu moins vrai que dans d'autres films mais certains personnages auraient mérité d'être approfondis. On a peine à croire qu'un attentat puisse être organisé presque sur un coin de table avec des amateurs ; c'est un genre d'activité qui ne souffre pas l'improvisation.